____Bill fixait d'un œil intéressé le large bureau de bois qui trônait au fond de la chambre, faiblement éclairé par les quelques rayons du soleil qui perçaient les lourds nuages gris voilant le ciel. Comme d'habitude, le bureau était recouvert de hautes piles de magazines divers, perdus au milieu des nombreux cahiers de Tom laissés ouverts sur ses notes de cours. Quelques objets improbables ornaient également le bois sobre du meuble, comme des capsules de bières, ou des piles, probablement vides. Bill pouvait également distinguer une paire de lacets blancs pendant dangereusement du bureau, le tissu glissant vers le sol de manière presque gracieuse, se soulevant doucement lorsque la brise fraîche venant de l'extérieur s'engouffrait dans la pièce. Mais ce qui attirait véritablement son regard était les trois tiroirs soigneusement fermés, contre lesquels la guitare de Tom était appuyée.
____Les trois petites poignées de bois clair empilées les unes au dessus des autres lui brûlaient la rétine depuis qu'il avait réalisé pour la première fois qu'il ignorait le contenu de ces tiroirs. Et maintenant que Tom avait quitté la chambre, dévalant l'escalier grinçant pour rejoindre la cuisine et chercher quelque chose à grignoter, la sensation n'avait fait qu'empirer, comme si une voix dans sa tête contrôlait ses pensées et lui murmurait qu'ils cachaient peut-être quelque chose qu'il ignorait. Et si Bill avait prêté un peu plus attention à cette voix, il aurait facilement pu affirmer qu'elle ressemblait étrangement à celle de Cassandra, se mélangeant avec les paroles qu'avait murmuré la jeune femme la veille, créant dans son esprit un capharnaüm sonore incontrôlable.
____Fixant toujours de ses yeux noirs et pénétrants le meuble qui lui faisait face, il se leva sans réellement s'en rendre compte, ses longues jambes se dépliant et quittant le lit sur lequel il était assis. Il s'accroupit devant le bureau, son cœur s'affolant dans sa poitrine et tambourinant jusque dans ses tympans. Ce qu'il faisait à cet instant même, il n'aurait su l'expliquer, même lorsqu'un frisson glissa le long de son échine au moment où ses doigts frôlèrent le manche froid de la guitare. Bill se sentait comme si tous ses sens était hypersensibles, tendant l'oreille au moindre bruit suspect qui indiquerait la présence de Tom, et fixant si fortement les tiroirs face à lui que sa vision se flouta, comme s'il cherchait à transpercer le bois du regard.
____Il mania prudemment l'instrument, prenant soin à ne pas frôler les cordes de ses doigts en le déplaçant, et posa ses deux mains à plat sur le premier tiroir, prenant une longue et profonde inspiration. Autour de lui, tout semblait s'être figé, et il ne percevait même plus la fraîcheur de la brise d'automne courant sur sa peau ou le tictac régulier du réveil, mais seulement les battements sourds et irréguliers de son cœur et sa respiration sifflante d'angoisse. Il tentait d'ignorer cette vague déferlante d'appréhension qui le gagnait, hésitant à tirer le tiroir vers lui pour en dévoiler son contenu. Avait-il seulement le droit de faire ça ? Que lui cachait Tom ? Et, encore plus important, avait-il envie de le découvrir ? Il soupira, chassant définitivement la pointe de culpabilité qui lui coupait le souffle et la crainte qui le consumait, décidant qu'il était tout à fait capable d'affronter la réalité.
____Une dernière fois, il tendit l'oreille, guettant le bruit caractéristique des marches métalliques que l'on gravissait, et tira sur la poignée du premier tiroir, grimaçant lorsque le bois grinça de manière déplaisante. Sous ses yeux soulagés, s'entassaient de nombreux cahiers et quelques vieux crayons, ainsi que des feuilles volantes recouvertes d'esquisses de croquis gribouillées par Tom, probablement en cours. Bill plongea sa main à l'intérieur du tiroir, le fouillant plus attentivement, et tout ce qu'il trouva sous le tas informe de dessins fût un vieux paquet de cigarettes abandonné. Le contenu du deuxième tiroir était presque identique, renfermant quelques cahiers recouverts de partitions griffonnées à la hâte. Bill veillait à replacer exactement chaque feuille qu'il bougeait à sa place initiale, complètement concentré dans son inspection. En refermant le second tiroir, il sentit une vague de soulagement naître en lui, rapidement balayée par le dépit et la frustration qui l'envahirent quand le troisième et dernier se bloqua alors qu'il tentait de l'ouvrir. Fronçant les sourcils, il tira plus franchement, réalisant avec colère qu'il était verrouillé. Les tiroirs n'avaient pas de serrures, comment était-ce possible ? Il grogna d'agacement, tâtonnant partout où il pouvait pour tenter de le décoincer, avant d'être coupé dans son geste par les pas de Tom dans l'escalier. Il se redressa rapidement, presque pris de vertiges sous la brutalité de son mouvement. Il replaça la guitare contre le bureau, et, le cœur battant follement dans sa cage thoracique, il saisit entre ses doigts tremblants d'angoisse la première chose sur laquelle il posa les yeux.
____Lorsque Tom pénétra dans la chambre, un paquet de gâteaux à la main, et un calme sourire sur les lèvres, il trouva Bill debout près du bureau, occupé à observer les lacets blancs qu'il triturait entre ses doigts fins, comme si les deux fils de tissus le fascinaient de manière inexplicable. Le dreadé fronça les sourcils, s'approchant derrière lui et glissa ses bras sur son ventre, serrant fortement sa taille fine. Bill tourna la tête vers lui, murmurant d'une voix douce et calme la première remarque qui lui passait par la tête, se forçant à parler de manière naturelle, pour ne pas éveiller de quelconques soupçons chez Tom :
«
Ça t'arrive souvent de laisser traîner tes lacets comme ça ? »
Le sourire de Tom s'élargit, et il haussa les épaules, marmonnant d'une voix détachée :
«
Je les avais enlevés pour les remplacer par des bleus, vu que je portais un T-shirt bleu hier soir. »
Bill glissa hors de son étreinte et se tourna vers lui, plongeant son regard étonné et amusé dans le sien :
«
Quel sens du style et de la mode ! », chuchota-t-il, un léger sourire étirant ses lèvres.
____Tom lui renvoya le regard le plus noir qu'il pouvait, et se rapprocha de lui, parfaitement conscient de la lueur perverse et espiègle qui brillait dans ses yeux, s'intensifiant à chacun de ses pas. Un sourire malicieux étirait ses lèvres alors qu'il glissait ses doigts sous le T-shirt fin de Bill, qui ferma les yeux au contact de sa grande main chaude électrisant sa peau et enivrant ses sens. Il approcha sa bouche de celle de Tom, soufflant un air chaud contre ses lèvres, alors qu'il se perdait dans son regard de plus en plus noir :
«
Je suis impressionné. »
____Le blond lui renvoya un petit sourire taquin, saisissant entre ses doigts les lacets blancs que Bill tenait toujours. Minutieusement, il s'appliqua à enrouler et à nouer chacun de deux morceaux de tissus sur les poignets fins du brun, laissant leur extrémité pendre vers le sol. Bill observait avec attention la moue concentrée de Tom, qui veillait à ne pas serrer trop fort les liens, tentant de chasser les dernières traces de peur qui courraient toujours dans ses veines. Finalement, le dreadé releva la tête vers lui, et lorsque leurs regards se croisèrent, Bill sentit une vague de chaleur l'envahir, comme si l'atmosphère entre eux avait brutalement changée, devenant de plus en plus tendue et électrique.
«
En fait, ça peut sûrement s'utiliser pour autre chose que des baskets, tu crois pas ? », murmura Tom d'une voix chaude, désignant tour à tour les poignets attachés de Bill et les montants du lit derrière lui.
____Bill le fixa de ses grands yeux étonnés, son sourcil percé relevé reflétant son incompréhension, puis son esprit lui envoya une série de visions érotiques et il sentit la chaleur dans son corps se concentrer en une immense boule dans son ventre, et teinter ses joues d'une jolie nuance rosée. Il releva la tête vers Tom, une trainée de frissons glissant le long de son dos lorsqu'il croisa son regard profond et noir de désir. Puis, une bouche chaude et humide glissa dans son cou, et il dut s'agripper aux puissants avant bras du blond pour s'empêcher de s'effondrer tant ses jambes tremblaient et peinaient à le maintenir au sol. La langue de Tom dévorant sa peau le fit soupirer de plaisir, et il ferma les yeux, tentant de se concentrer sur les délicieuses sensations qui envahissaient son corps plutôt que sur la vision qui lui faisait face, la guitare maintenue en équilibre instable contre le bureau glissant doucement vers le sol.
[…]
____Bill donna un coup de pied rageur dans les deux lacets blancs échoués entre les draps, que Tom venait de dénouer de ses poignets, cherchant à les faire tomber du lit. Ils s'écrasèrent gracieusement sur le sol, en un amas de tissu enchevêtré et Bill bougonna, son grognement énervé étouffé par le ricanement ensommeillé de Tom. Il se tourna vers lui, le fusillant du regard, mais le dreadé était déjà roulé en boule sous les draps, sa tête calée sous la douceur des oreillers. Le brun se rapprocha de lui, collant sa cuisse nue contre la sienne et frissonna au contact de leurs peaux encore bouillonnantes. Ses doigts se placèrent d'eux mêmes sur le dos de Tom, et il y traça une ligne imaginaire, observant avec fascination la lignée de frissons qui naissait sur sa peau humide après le passage de ses ongles longs.
____Quelques minutes s'écoulèrent dans un silence calme et serein, pendant lesquelles les yeux de Bill s'égarèrent sur le corps nu du blond, redessinant du regard toutes les courbes de sa silhouette étendue sous le drap fin. Son maquillage avait légèrement coulé, s'étalant autour de ses yeux en de légères traînées noires et envoûtantes, lui donnant un air délicieusement débauché que Tom adorait. Bill sursauta violemment, tiré de sa contemplation, lorsque la voix pâteuse du dreadé s’éleva en un murmure, persuadé qu'il s'était endormi.
«
T'étais magnifique hier soir, chez Cassandra. »
____Bill sourit, attendri par sa petite voix enfantine étouffée par le contact moelleux de l'oreiller. Toute la soirée, ils s'étaient cherché et observé, et Bill n'avait cessé de lui envoyé des regards brûlants et aguicheurs, une lueur perverse brillant dans ses pupilles lorsqu'il dansait lascivement au milieu des corps pressés contre le sien. Il portait un léger T-shirt noir que Tom trouvait particulièrement excitant, lorsqu'il tombait sur son épaule, dévoilant sa peau laiteuse et ses clavicules osseuses et saillantes qu'il se plaisait à redessiner de sa bouche pendant l'amour. Pendant quelques minutes, ils discutèrent de la soirée , leurs murmures brisant le silence de la chambre. Tom finit par se retourner sur le dos, fixant le plafond, et Bill secoua la tête, observant avec une lueur d'envie la trace violacée qui ornait son cou, seule témoin de leur escapade débauchée. L'alcool aidant, ils avaient cédé à leur envie mutuelle de l'autre, s'enfermant quelques minutes dans une salle de bain déserte pour échanger de longs baisers violents et passionnés.
«
Je t'ai vu dans la foule quand tu es arrivé, t'avais pas l'air très à l'aise », finit par lancer Bill.
____Il se laissa complètement tomber sur le matelas, retenant une grimace alors que ses bras le faisaient déjà souffrir, et réalisa qu'il aurait sûrement d'horribles courbatures d'ici peu. Au diable Tom et ses foutues idées, grogna-t-il. Et pourtant, s'il était vraiment honnête avec lui-même, Bill ne pouvait nier l'agréable tiraillement qu'il sentait encore bouillonner au creux de son ventre, ni oublier la sensation de la peau brûlante de Tom frissonnant contre la sienne. Il leva les yeux au ciel, se maudissant d'être aussi amoureux et docile. Il avait parfois l'impression que Tom pouvait faire de lui tout ce qu'il souhaitait, et Bill devait admettre que cette constatation ne le dérangeait pas, complètement justifiée par la confiance aveugle qu'il nourrissait à l'écart du blond. Une petite voix dans sa tête lui rappela qu'il ne devrait peut-être pas s'offrir aussi passionnément, rapidement soufflée par le ricanement de Tom.
«
Au moins, c'était une bonne excuse pour éviter de danser avec Cassie. Enfin ça a marché tant que j'étais sobre. »
Bill leva les yeux au ciel et sourit, la vision floutée des yeux vitreux et alcoolisés de Tom s'imposant à son esprit.
«
Elle a pas trouvé ça bizarre ? Elle t'a cru ? », demanda Bill, glissant son corps nu sous les draps, tentant de croiser les yeux pétillants de Tom obstinément collés au plafond.
____La tension sexuelle qui régnait dans la chambre était retombée, et la pièce était maintenant presque glacée, le vent glacial de Novembre soufflant fort dehors et s'infiltrant partout, à travers les tôles grinçantes du hangar jusque dans chaque parcelle de son corps.
«
Ouais, elle sait que j'suis un peu... »
Tom marqua une pause, grimaçant légèrement et se rapprocha de Bill, l'enfermant dans la chaleur rassurante de ses bras.
«
Elle me connaît bien », ajouta-t-il d'un air pensif.
____Bill se retint de prononcer à voix haute la remarque qui lui brûlait la langue, selon laquelle il l'avait assez bien remarqué. Il hésita, réfléchissant à toute allure. Peut-être était-ce là l'occasion idéale pour poser à Tom les questions qui le perturbaient tant, le moment d'essayer d'obtenir des réponses. Bill ouvrit la bouche, prêt à parler, et la referma presque aussitôt. Est-ce que le fait que Tom ne partageait visiblement pas tous ses petits secrets avec lui était si important ? Pouvait-il réellement le questionner sur ce sujet, le forcer à lui parler et à se confier ? Il soupira, il sentait qu'il avait assez fouiné aujourd'hui, et commençait déjà à regretter son attitude dubitative et légèrement paranoïaque. Qu'est-ce qu'il l'avait pris, bon sang ? Bill laissa échapper un grognement discret. Non seulement il n'avait pas le droit de s'immiscer autant dans les secrets de Tom, mais en plus, ses fouilles ne lui avaient rien appris, ayant à l'inverse contribué à le rendre encore plus nerveux et inquiet.
____Il ne pouvait nier qu'il commençait à penser qu'il n'avait pas besoin de savoir, la petite voix dans sa tête lui disant de fermer aveuglément les yeux et de faire confiance au dreadé de plus en plus forte. Avec le temps, il était certain de parvenir à s’accommoder à la sensation de tristesse qui lui serrait le cœur lorsqu'il pensait que Tom ne jouait pas franc-jeu avec lui, à se familiariser avec elle, la domptant et l'adoptant jusqu'à ce qu'elle fasse partie entière de lui et qu'il puisse vivre avec sans y prêter une quelconque importance.
____Tom était revenu juste avant qu'il ne parvienne à découvrir ce que cachait le troisième tiroir, l'empêchant de l'ouvrir, et Bill se plaisait à penser qu'il s'agissait peut-être là d'un signe du destin. Toutes ces cachotteries n'avaient aucune importance à ses yeux amoureux, et Bill savait qu'il n'avait pas besoin de connaître toute la vérité pour continuer à aimer Tom. C'était peut-être lâche, mais, malgré les soupçons qui continuaient de le ronger, il venait juste de décider qu'il ne voulait pas savoir, qu'il voulait simplement continuer à passer chaque jour près de Tom, profitant simplement de sa présence à ses côtés, en occultant totalement l'ombre de doute qui planait au dessus de leur relation. Il ferma les yeux, tentant de chasser cet autre part de lui-même, celle qui lui hurlait qu'il refusait d'admettre l'évidence, et qu'il était malsain de se voiler la face et de laisser la situation empirer jusqu'à ce qu'elle devienne incontrôlable.
«
Bill, j'peux te parler d'un truc ? », finit par murmurer Tom après de longues minutes de silence, seulement brisées par le lent souffle du vent qui faisait crisser les stores usés de la fenêtre.
____Le brun se tourna vers lui, se sentant comme si son cœur venait de s'arrêter de battre. Bordel, c'était quoi cette pointe d’inquiétude dans la voix de Tom ? Et c'était quoi ce ton tout à coup si sérieux, si grave ? Bill hocha la tête en sa direction, attentif à pas laisser paraître de manière trop visible le doute et l'appréhension qu'il avait senti naître en lui après les paroles du blond.
«
Je sais qu'on est qu'en Novembre, et c'est peut-être un peu tôt pour penser à ça, mais... »
____Bill fronça les sourcils alors que Tom s'arrêtait au milieu de sa phrase, une moue concentrée sur le visage, et semblant en intense réflexion. Il reprit d'une voix tendue, fermant les yeux et expirant calmement.
«
J'ai pas mal réfléchi au sujet de l'année prochaine. Tu sais, pour... après le Bac et toutes ces conneries d'orientation... J'ai pensé que peut-être on devrait penser à, tu sais, s'arranger pour faire des demandes dans les mêmes villes, pour être ensemble. Je sais pas encore précisément où j'veux aller, mais quelque part loin d'ici, pour être vraiment tranquille, ne plus avoir de contacts avec Matt et les autres... »
____Tom avait déballé sa longue tirade d'un coup, sans réfléchir, et s'arrêta pour plonger son regard soucieux dans celui de Bill. Le brun se sentait comme s'il était sonné, comme si un immense bloc de béton venait de s'écrouler sur lui, et l'empêchait de penser correctement, noyant ses pensées.
«
Tu ferais ça ? Enfin, j'veux dire : c'est c'que t'as prévu après le Bac, partir d'ici et... », finit-il par murmurer dans un souffle.
«
Ouais, couper les ponts avec toute cette m*rde, me barrer d'ici et ne jamais revenir. Oublier tout ça, et me concentrer sur l'avenir. Et l'avenir avec toi, si possible. »
____Tom avait murmuré la dernière partie de la phrase d'une petite voix confuse et incertaine, tout en mordillant nerveusement l'anneau argenté qui ornait sa lèvre inférieure. Bill sentait son cœur s'affoler dans sa poitrine, et tentait de refouler les quelques larmes qui s'accumulaient déjà derrière ses paupières et qui menaçaient de dévaler ses joues à tout instant. Il planta un petit regard fragile et ému dans celui de Tom, se sentant à cet instant tiraillé entre une plénitude sereine et une terrible sensation de vulnérabilité extrême. Un immense sourire aux lèvres, il se glissa dans l'étreinte familière du dreadé, murmurant faiblement contre sa peau des mots qui firent encore accélérer la cadence déjà folle de son cœur.
____Tom glissa ses mains sur ses bras, et soupira de soulagement en longeant la douceur de sa peau et massant ses épaules endolories, pour finir par déposer un chaste baiser sur son front, en un geste tendre qui fit bouillir le sang dans ses veines, d'une manière apaisante et familière. Bill soupira de satisfaction, appréciant la sensation de quiétude qui se propageait dans tout son corps, l'enivrant presque totalement comme s'il ne maîtrisait plus rien et qu'il n'était plus en mesure de penser par lui-même.
____Peu importe ce que cachait Tom, ou ce que cachait ce troisième tiroir verrouillé, peu importe ce passé qui semblait si douloureux et dont il ne voulait pas parler, la seule chose à laquelle Bill pensait était cette chaleur diffuse tellement grisante qui l'envahissait et qui lui faisait presque tourner la tête de bonheur, blotti contre le torse du dreadé. Il glissa son nez dans son cou, et l'odeur si singulière et rassurante de Tom inonda son cerveau, alors qu'un léger sourire serein naissait sur ses lèvres. D'elles-mêmes, ses jambes s'entremêlèrent à celles du blond, alors qu'il remontait ses pieds le long de ses mollets et les caressait distraitement. A cet instant, il fût envahi par l'écrasante certitude qu'il avait pris la bonne décision, et, juste avant de s'endormir, la pensée que plus rien ne pourrait s'imposer entre Tom et lui lui traversa l'esprit.