Voilà donc la suite.
En cours de mon écriture je me suis rendue compte que je m'étalais un peu, et qu'il est évident que je ne finirai pas en trois chapitres. Mais bon, je ne voulais pas bâcler non plus, donc la fin c'est pour bientôt, on y arrive doucement, mais là je développe encore un peu sa relation avec Tom parce que ça me semblait nécessaire (et tout à fait agréable).
Enjoy
)) Le chapitre suivant est déjà écrit aussi.
Chapitre 44Une fois que l'intensité du moment semblait être un peu retombée, je me décollai de lui mais gardais ma main encrée dans la sienne.
Allison : Viens, je vais te faire visiter la maison.
Il acquiesça.
Je le guidais vers le salon sur notre droite. J'étais contente de pouvoir lui montrer mon lieu de vie qui faisait parti intégrante de ma personne. Jusqu'à présent, j'avais vécu dans son environnement, j'avais côtoyé ses proches, j'avais suivi son planning. Inverser les rôles me semblait intéressant.
Allison : Voici la salle à manger. J'ai fermé tous les stores pour qu'il ne fasse pas trop chaud.
Tom : Il n'y a pas de climatisation ?
Je lui envoyai un regard.
Tom : Ouais... pardon, j'ai vécu à l'hôtel trop longtemps. Ma mère faisait pareil chez nous.
Allison : Il est tard maintenant, on peut ouvrir.
Je lâchai sa main pour aller remonter les rideaux en tirant sur la cordelette. Tom fit de même sur l'autre fenêtre.
Les rayons du soleil d'une teinte orangée inondaient la pièce. Tom jeta un coup d'oeil autour de lui pour repérer les lieux et se dirigea presque instinctivement jusqu'à la Playstation 2 et la Game Cube installées sous la télévision. Il s'accroupit devant elles et survolait du regard les jeux de mon frère.
Tom : Il n'a que des daubes !! Déjà que c'est de vieilles consoles dépassées, mais en plus, il n'a aucun jeu de qualité.
Allison : Si, il en a, mais pas ici.
Tom : Ah bon ?
Allison : Oui, les jeux auxquels il tient sont cachés dans sa chambre, dans le double plafond.
Il avait l'air perplexe.
Allison : Quand on était gosse, j'avais pris l'habitude de lui confisquer ses jeux, histoire de le faire chanter et d'obtenir ses faveurs.
Tom : Wouah, t'étais une petite peste alors ?
Allison : Yep ! Comme toute petite soeur qui se respecte. Donc il en a eu ras le bol, et il a tout caché dans sa chambre. J'ai du trouver d'autres moyens de pression.
Tom : Le pauvre, je compatis.
Allison : Je me demande s'ils sont toujours cachés au même endroit.
Tom : Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir.
Allison : Je croyais que tu compatissais avec ce pauvre Andrew ?
Tom : Ouais, mais je suis curieux de voir les jeux qu'il peut avoir.
On s'échangea un sourire de connivence.
Allison : Viens, je vais te montrer.
On filait dans les escaliers et on arriva à l'étage qui comptait trois chambres et une salle de bain. J'ouvris la porte de l'espace réservé à mon frère, avec cette excitation habituelle qu'on ressent lorsqu'on entre dans une zone qui nous est interdite. Depuis mon retour, je n'y avais mis les pieds que pour aérer la pièce et y passer l'aspirateur. Tom inspectait les lieux avec curiosité.
Tom : On dirait une chambre d'ado.
Allison : Oui, il n'a pas changé la déco depuis un bout de temps.
Tom : Cool les posters !
Il s'approcha des affiches qui ornaient les murs.
Tom : Nickelback, System Of A Down, Metallica... il s'entendrait bien avec Gustav.
Il jetait un coup d'oeil à la collection de CDs de mon frère avant de se diriger vers une des étagères sur laquelle était exposée sa collection de figurines. Il attrapa la petite maquette bon marché d'un Alien.
Tom : C'est fou ce qu'on peut apprendre d'une personne en fouinant dans sa chambre.
Allison avec un petit sourire : Oui. D'ailleurs je me demande bien à quoi ressemble la tienne.
Tom : Faudra que je te fasse visiter. Enfin après avoir rangé toutes les preuves compromettantes.
On échangea un sourire et je hochai la tête de façon négative comme pour le réprimander d'avoir fait cette remarque. Je m'approchai du lit et retirai mes tongues pour grimper sur celui ci. J'étais devenue assez grande pour accéder facilement au plafond, plus besoin de mettre un tabouret et de jouer l'équilibriste comme la dernière fois. Je soulevais l'une des plaques, un peu de poussière me tomba sur le nez, me faisant éternuer. Je passai ma main par l'ouverture et y allais à tâtons. Ne pas savoir où je mettais les doigts m'inquiétait un peu, mais je ne le laissais pas paraître, jusqu'à ce que je touche quelque chose de velu avec pleins de pattes. Je retirai ma main brusquement en sursautant et en retenant mon cri dans ma gorge.
Tom : Qu'est ce qu'il y a ?
Je descendis du lit en tremblant un peu, et lui fis une grimace de dégoût, ce qui ne manqua pas de le faire rigoler.
Allison : Je ne sais pas ce qui se cache là haut, mais... tu devrais aller voir !!
Tom : Ca ne me tente pas trop.
J'ouvris la commode de mon frère et y trouvai sa lampe de poche que je tendis à Tom avec insistance.
Allison : Si c'est une bestiole, et qu'elle vit au-dessus de ma tête, je veux savoir ce que c'est, sinon je n'arriverais plus à fermer l'oeil.
Tom avec un air intéressé : Et qu'est ce que tu me donnes si je te rends ce service ?
Allison : Ma gratitude ?
Tom : ... Je suis sûr que tu peux faire mieux. Beaucoup mieux...
Il avait ce petit éclat dans le regard comme à chaque fois qu'il faisait une réflexion salace.
Allison : Peut être bien, mais occupe-toi d'abord de la bébête.
Après un soupir, il retira ses chaussures de skateur et monta sur le lit. Il alluma la petite lampe torche et se mit à inspecter le faux plafond par l'ouverture. D'un air inquiet et méfiant, il passa à une expression complètement détendue en tendant la main à travers la cachette de mon frère pour attraper ce qui m'avait effrayé. Je n'eus pas le temps de voir ce que c'était qu'il l'avait déjà jeté sur moi. Je l'attrapai de mes deux mains par réflexe, avec une certaine appréhension. Il s'agissait d'une grosse araignée noire en plastique, couverte d'une bonne couche de poussière compacte. Je me rappelais de ce truc dégoûtant avec lequel mon frère jouait quand il était gosse.
Tom : Il y a autre chose.
Il attrapa un bout de papier froissé, et le dépliait du bout des doigts avant de le lire.
Allison : C'est quoi ?
Tom : Il y a écrit : "Maintenant que tu as touché ce papier, je sais que tu es venue dans ma chambre, alors tu peux dire adieu à ta Barbie Tahiti que je gardais en otage, je vais la démembrer, tu ne la reverras jamais." Il a fait un petit dessin, on dirait... une tête de mort. Il a encore écrit un truc plus bas : "Et je vais le dire à maman -"
Allison en rigolant : Oh le con ! Je l'ai cherchée pendant des mois cette p*tain de Barbie. Fais voir !
J'arrachai la feuille des mains de Tom et relisais directement. Il y avait au moins trois fautes d'orthographes par mot. C'était vraiment vieux. Tel un parchemin, il était resté là tout ce temps, à l'abri des aléas de la vie. Je le relisais une fois encore. J'avais presque l'impression de voyager dans le passé, j'imaginais Andrew en train de griffonner ces mots un soir alors que maman nous appelait pour venir dîner des lasagnes qu'elle venait de préparer. J'arrivais presque à sentir l'odeur du fromage et de la béchamel, et le goût des pâtes dans ma bouche. Je me rappelais aussi de ce sentiment de joie à l'idée de me retrouver à table avec tous les gens que j'aime et de passer un bon moment avec eux pour la première fois de la journée. Mon père imiterait une fois encore son patron en faisant des grimaces et en radotant. Ma mère lui dirait de baisser d'un ton pour qu'on puisse manger calmement et arrêter de rigoler devant nos assiettes, mais elle finirait elle aussi par sourire devant ses mimiques.
Ca faisait plusieurs minutes que j'avais les yeux posés sur ce bout de papier, à reconstruire son histoire, et à me projeter dans un passé qui m'emplissait de mélancolie. Sa dernière phrase accentuait encore un peu plus ce pincement dans mon coeur. Il n'aura jamais pu le dire à maman.
En l'espace d'une fraction de seconde, Tom m'arracha le papier des mains, me sortant brutalement de mes rêveries.
Allison : Hey ! Rends le moi !
Tom : Humm... laisse-moi réfléchir... Non !
J'essayais de le lui prendre des mains, mais il le tenait au-dessus de lui et le faisait passer de l'autre coté à chaque fois que je faisais une tentative pour l'attraper, pour que je n'y arrive pas. Comme il était plus grand que moi, j'avais beau me mettre sur la pointe des pieds, il était hors de ma portée. Je le trouvais agaçant et je n'étais pas dans l'état d'esprit pour jouer avec lui.
Allison sur un ton sérieux : Tom, je ne déconne pas ! Rends le moi, je veux le garder !
Tom : Tu m'as promis une récompense pour avoir jeté un oeil et éclairci le mystère de la bête poilue. Alors j'attends.
Allison sur un ton menaçant : Tom !
Je le fixais du regard les bras croisés, essoufflée, un air mauvais recouvrant mon visage. J'essayais de lire en lui, et je me demandais s'il avait fait exprès de me sortir de l'état de tristesse dans lequel j'étais en train de sombrer, en me taquinant et en m'énervant. Dans tous les cas, ça avait fonctionné. Il essayait de garder une expression neutre, dubitatif devant mon agacement, mais il avait toujours une petite étincelle espiègle au coin de l'oeil qui m'invitait à entrer dans son jeu.
Je m'approchai de lui calmement, sans décoller mon regard du sien, toute à fait sérieuse en apparence. Il leva le bout de papier une fois encore et le tenait loin de moi, attendant ma réaction. Il déglutit avec difficulté, inquiet à l'idée que je puisse vraiment m'énerver contre lui.
Une idée me traversa l'esprit.
Je me rappelai de cette séance de chatouilles que Gustav lui avait administrée il y a quelques semaines, au cours de laquelle Tom s'était plié en deux au bord de l'agonie. Il faut dire qu'il l'avait cherché ce jour là. On s'était installé pour déjeuner dans un local pour le personnel, derrière la salle dans laquelle le groupe devait jouer quelques heures plus tard, c'était aux Pays Bas me semblait-il, et il y avait une baie vitrée à travers laquelle on avait une bonne vue sur les fans qui attendaient dehors en contrebas. Et Tom s'était amusé à compter le nombre de filles qui avaient marqué son prénom sur elles, et suivant l'endroit où elles l'avaient écrit, il donnait plus ou moins de point. Il trouvait ce jeu très divertissant. Il s'était rapidement mis à charrier les autres en disant que celles qui avaient écrit son nom étaient les plus cannons, et avait continué dans son auto-satisfaction. Ce qu'il avait été pénible ce jour là. Si Gustav ne s'en était pas occupé, c'est moi qui l'aurait fait.
Tom se tenait toujours devant moi, dans l'expectative, je n'allais pas le faire attendre plus longtemps. D'un geste rapide, ma main atterrit sur son flanc, le prenant par surprise et lui faisant baisser les bras immédiatement pour se protéger. De quelques mouvements habiles, je l'avais rendu tout à ma merci, plié en deux à essayer de m'empêcher de continuer. Je retirai le bout de papier de sa main et le mis de coté. Je n'allais pas le laisser s'en tirer à si bon compte. Je continuais de le chatouiller, il rigolait toujours plus et essayait de reprendre sa respiration quand il le pouvait. Je le soupçonnais de me laisser volontairement continuer, parce qu'il était sans nul doute capable de m'arrêter s'il le voulait, mais il n'en faisait rien et on s'amusait bien.
Tom : Arr... Arrête !! Ca va... stop !
Il reculait et j'avançais vers lui, jusqu'à ce qu'il bascule sur le lit de mon frère et que j'atterrisse sur lui. Je me sentais toute fière d'arriver à avoir le dessus, jusqu'à ce qu'il me fasse chavirer et que ce soit lui qui se retrouve sur moi, m'immobilisant en attrapant mes poignets et en les collant fermement sur le lit de chaque coté de ma tête. Il reprenait son souffle, tout comme moi. Mes cheveux étaient en bataille et nos joues avaient pris des couleurs. Il était allongé sur moi, faisant pression de son corps sur le mien, ses jambes entre les miennes. En remarquant notre position, je constatai qu'on était passé de ce jeu enfantin à tout autre chose. Sa bouche ornée de son petit anneau était entre-ouverte, et son regard allait et venait de mes lèvres à mes yeux qui le fixaient avec curiosité. Il hésitait.
Je pliai mes genoux et remontai mes pieds sur le lit pour plus de confort. Mes jambes étaient dénudées de par la jupe courte et légère que je portais ce jour là et qui était complètement remontée en haut de mes cuisses. Ma poitrine montait et descendait à la cadence de ma respiration qui ne semblait pas ralentir. Le corps mince et élancé de Tom faisait toujours pression entre mes cuisses. Ses mains agrippant mes poignets m'empêchaient de me mouvoir, et je dois dire qu'il aurait bien pu faire ce qu'il voulait de moi à cet instant, je l'aurais laissé et j'en aurais été ravie. Seulement il ne fit rien, pendant ce qui me sembla une éternité.
Allison : Tom ?
Tom : Hum ?
Allison : J'ai les mains qui commencent à s'engourdir.
Tom : Ah oui, pardon.
Il fit glisser ses doigts le long de mes bras en se relevant. Il se dégagea de moi, me rendant ma liberté alors que je ne la désirais pas vraiment. Je me levai du lit à mon tour et remis mes vêtements en place. Je tournai mon regard vers lui et un silence passa entre nous deux avant que je ne reprenne la parole.
Allison : Il se fait tard, et ça m'a creusé l'estomac notre petite bataille. Tu veux manger quelque chose ?
Tom : Volontiers.
Je glissais ma main dans la sienne et le guidais jusqu'à la cuisine.