Ca me fait plaisir de partager cette histoire avec vous, et j'adore votre enthousiasme
Bon, je le dis tout de suite, j'ai pleins de doutes sur ce chapitre, j'attends vos remarques et commentaires. De toute façon, il est impossible de juger soi même la qualité de son travail, alors j'arrête de cogiter
Chapitre 43
C'était la mi-juillet. Cela faisait environ trois semaines que j'avais quitté la tournée, et que j'étais rentrée chez moi. J'avais retrouvé ma vie d'avant, mes repères et mes habitudes.
A mon arrivée, j'étais plutôt soulagée de me retrouver seule après des mois à vivre en collectivité, heureuse aussi de pouvoir poser mes valises, dormir à nouveau dans mon lit, arpenter une maison dans laquelle j'avais tant de souvenirs et qui était la mienne, mon endroit à moi. Pouvoir faire ce que bon me chante, n'avoir de compte à rendre à personne, était aussi une nouvelle expérience très agréable.
Seulement cet état d'esprit ne dura pas bien longtemps. A peine étais-je vraiment installée que je réalisais que mon pire ennemi dans cette situation serait la solitude. J'étais peut être là où je me sentais le mieux, le plus en sécurité, mais j'étais toute seule. Dans les murs de cette maison était écrit tous les bons moments partagés avec mes parents, mon frère, notre famille, nos amis aussi, mais aujourd'hui ils n'étaient plus là. Mon frère allait rentrer d'ici quelques mois, mais en attendant, j'étais en tête à tête avec moi-même.
Les cours étant terminés, c'était les vacances d'été. J'essayais de remplir mes journées au maximum, et de voir du monde pour ne pas me sentir isolée. J'avais repris contact avec mes amies, elles n'avaient pas tellement changé depuis ces derniers mois, ce qui me fit réaliser à quel point - moi - j'avais changé. Ce voyage, les rencontres que j'avais faites et les relations que j'avais nouées, m'avaient permis de me libérer d'un passé douloureux pour me tourner vers un avenir qui ne me semblait plus si menaçant. J'avais grandi.
Cette après midi, Helena était passée me voir. Elle venait quelques jours chaque semaine pour qu'on revoit ensemble les points que je n'avais pas bien assimilés du programme scolaire de l'année passée, et aussi pour me raconter les derniers potins et tout ce que j'avais manqué. De mon coté, je lui parlais de ma vie sur les routes et surtout du groupe dont elle était une fan assidue. Je lui épargnais les détails personnels comme mes relations avec les jumeaux, non pas que je ne lui faisais pas confiance, mais je ne voyais pas l'intérêt de m'attarder là-dessus. Elle était déjà ravie d'avoir des informations inédites sur chaque membre et de l'envers du décor. Je lui avais promis un autographe du groupe, et je me demandais encore comment j'allais faire pour l'obtenir. De la bande, je n'avais gardé contact qu'avec Anja, on s'appelait régulièrement et elle me donnait des nouvelles de chacun, comme j'imaginais qu'elle leur donnait des nouvelles de moi.
On avait fini la dernière page de la leçon qu'on devait revoir aujourd'hui, et j'en étais bien contente. Helena posa son crayon et feuilleta le bouquin pour voir ce qu'il nous restait à étudier.
Helena : Encore six chapitres.
Allison : Les deux prochains, on pourra juste les survoler. Ils me paraissaient clairs la première fois que je les ai lus.
Helena : Ok. On verra ça demain de toute façon. Je peux prendre un café avant de partir, je me sens toute amorphe.
Allison : Ouais, je vais m'en prendre un aussi. Ca doit être la chaleur qui nous assomme.
Le soleil était bas dans ciel, il devait être dix huit heures maintenant. Je me levai pour chercher des tasses, et constatai qu'elles étaient toutes dans l'évier, sales. Je poussai un soupir avant d'ouvrir l'eau pour en laver deux.
Helena : Tu veux un coup de main ?
Allison : Non, ça ira.
J'attrapai la première et la nettoyais machinalement tout en laissant mon regard vaguer par la fenêtre en face de moi sur la cour devant la maison, perdue dans mes pensées. C'était une belle journée d'été, je me sentais calme et sereine, bien dans ma vie. Même si derrière cette tranquillité se cachait une tristesse qui ne partirait pas de si tôt. J'étais apaisée, j'avais retrouvé une certaine stabilité.
Mes réflexions prirent fin dès qu'un luxueux véhicule noir aux vitres teintées apparu dans mon champ de vision. Il me rappela immédiatement ceux qui transportaient le groupe lors de ses nombreux déplacements. Il roulait lentement et s'arrêta devant ma maison. Je laissai échapper la tasse de ma main, elle heurta bruyamment l'évier. Je n'y portai aucune attention.
Helena : Ca va ? Tu t'es fait mal ?
Allison, le regard fixé sur le 4x4 : Non...
L'une des portes arrières s'ouvrit et Tom descendit. Il attrapa son sac et se pencha vers l'intérieur, pour dire quelque chose au chauffeur. Il fit claquer la portière et se tourna vers la maison. Je me décalai immédiatement de la fenêtre, pour ne pas qu'il me voit. C'était stupide étant donné qu'il serait à me porte dans une minute, mais il s'agissait juste d'un réflexe d'évitement.
Helena : Qu'est ce qu'il y a ? T'es toute bizarre.
Je m'essuyai les mains, un peu paniquée, mon esprit noyé sous mille pensées qui se mélangeaient. La sonnette retentit, me faisant sursauter.
Allison : Heu... attends ici, je vais ouvrir...
Elle me regardait complètement confuse. Je longeais le petit couloir jusqu'à l'entrée et pris une profonde inspiration avant d'ouvrir.
Il était là. On échangea un regard en silence, comme pour se poser dans cette réalité bien étrange : Tom, chez moi, devant ma porte.
Tom : Salut.
Allison : Salut.
Un autre silence et un calme surprenant passaient entre nous.
Tom : Je ne te dérange pas ?
Allison : Non. Tu... t'es venu... tout seul ?
Tom : Oui. Enfin non, avec Lucas.
Il fit un signe de la tête vers le véhicule parqué. Lucas était l'employé qui avait - entre autre - joué le chaperon pour Bill et moi lorsqu'on était à l'hôpital pour son kyste.
J'avais envie de lui demander pourquoi il était là et pourquoi il n'avait pas appelé avant de venir ici. Mais il me semblait qu'on avait bien plus de choses à se dire, et que le pas de la porte ne s'y prêtait pas.
Allison : Tu veux entrer ?
Tom : Oui, merci.
Avant de le laisser passer, je me rappelai qu'il y avait toujours Helena dans la cuisine.
Allison : Ah mince, j'oubliais, je ne suis pas toute seule.
Son expression changea immédiatement.
Tom : Ah, pardon, je...
Il recula un peu, visiblement mal à l'aise.
Tom : Tu veux que je repasse à un autre moment ?
Allison : Non, non. C'est bon, elle allait partir de toute façon.
Il sembla soulagé d'entendre qu'il s'agissait d'une personne du sexe féminin. Je me dis que ça ne devait pas lui arriver souvent de se pointer comme ça chez quelqu'un, à l'improviste. D'habitude, c'était les filles qui venaient squatter devant chez lui, pas le contraire.
Allison : Viens, je t'en prie.
Je le laissais passer avant de refermer la porte. Helena se tenait à l'autre bout du couloir, curieuse de voir qui était mon invité. Lorsqu'elle l'aperçut, son visage se liquéfia et elle fit quelque pas en arrière le souffle coupé, collant sa main tremblante sur sa bouche, en étant de choc. Elle recula encore un peu et se cogna dans la table derrière elle.
Je me demandais si je n'aurais pas mieux fait de la prévenir avant qu'il n'entre, ou de la faire partir en lui racontant un petit mensonge. Il était trop tard. J'allais vers elle.
Allison : Respire... C'est bien.
Son regard allait et venait entre Tom - planté à quelques mètres de nous - et moi.
Allison : Oui, c'est Tom.
J'écartai une chaise de la table et la fis asseoir. Elle prit quelques profondes inspirations, et semblait se calmer.
Allison : Ca va ?
Helena : Oui. Oui.
Allison : Je ne savais pas qu'il allait passer, sinon je te l'aurais dit.
Helena : Ok. Ok.
Elle travaillait toujours sa respiration.
Je me tournai vers Tom, en lui envoyant un regard qui voulait dire "désolée".
Tom : Je peux repasser toute à l'heure, si tu veux.
Il sous-entendait : quand elle serait partie.
Helena : Non ! Non, ça va.
Elle se leva de la chaise, et essuya ses larmes d'un revers de la main en se ressaisissant.
Allison à Tom : Helena est une grande fan de votre groupe.
Il se rapprocha de nous deux.
Tom : Ok. Content de te rencontrer.
Il lui tendit la main. Elle la fixa un instant, avant de la lui serrer.
Helena : Me... moi aussi.
Allison : Elle me fait rattraper les cours pour la rentrée.
Un blanc s'installa entre nous trois. J'étais chez moi, alors je pris l'initiative de le combler.
Allison à Helena : Donc tu repasses demain à la même heure ?
Helena : Oui.
Elle se tourna pour ranger ses affaires, complètement perturbée. Elle attrapa une feuille et un stylo en revenant vers Tom.
Helena : Je peux avoir un autographe ?
Tom : Bien sûr.
Il se pencha sur la table et signait le bout de papier en ajoutant "Pour Helena" avant de le lui rendre. Elle finit son sac et se tourna vers nous.
Helena : Salut !
Elle nous fit un signe de la main, visiblement gênée, surtout que Tom et moi étions très calmes alors qu'elle flippait complètement. Si on était si détendu, c'était qu'on avait beaucoup de choses à se dire, et qu'on avait depuis longtemps dépassé le stade des faux semblants.
Allison : A demain !
Elle prit la porte et j'allai fermer derrière elle.
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