Juste avant de vous laisser lire, je voulais ajouter un :
grand merci pour vos commentaires ! Sans votre soutien, j'aurais arrêté d'écrire depuis longtemps, et pourtant je m'y suis attachée à cette histoire. Ca me touche toujours beaucoup.
Chapitre 30
On resta là une éternité me semblait-il, à quelques centimètres l'un de l'autre. Il baissa les yeux pour regarder mes lèvres avec envie, mais ne bougeait pas. Il hésitait. J'avais l'impression qu'il se battait contre lui même. Je restais aussi immobile que lui. Paralysée pour la même raison. Bill. Son frère. Mon copain.
Si on se laissait aller à nos pulsions, on ne pourrait plus faire marche arrière. Il le savait tout comme moi. Pourtant, s'il m'avait embrassé à cette seconde, s'il m'avait touché, je n'aurais pas eu la volonté de le repousser. Je me serais donnée à lui, entièrement. Mais il ne bougeait pas. Et mes pensées fusaient dans ma tête fatiguée. La culpabilité d'être prête à tromper Bill alors que je venais de lui affirmer qu'il n'avait pas de crainte à avoir, fut suffisante pour me faire réagir avant qu'il ne soit trop tard. Je fis un pas au arrière, brisant le lien invisible qui m'attirait vers Tom, et balbutiais : ... Bonne nuit.
Je sortis de sa chambre, et marchais d'un pas rapide sur la plage, mes talons s'enfonçant dans le sable. Il ne me suivit pas. Il n'essaya pas de me rattraper. Et c'était mieux ainsi.
J'ouvris la porte de notre bungalow doucement, pour ne pas réveiller Bill. Il était toujours endormi paisiblement. Je me déshabillais rapidement et en silence, avant de m'installer dans le lit à ses cotés. Je ne m'allongeai pas, je restais assise et pensive, malgré la fatigue qui me submergeait. Il était allongé sur le dos, et respirait calmement et profondément. La lune se reflétant sur la surface de l'eau éclairait la pièce comme un spot puissant. Son visage était détendu et sans expression, mais juste à le regarder, milles pensées venaient ébranler les certitudes que j'avais élaborées dans cette relation. Je pouvais toujours sentir mon amour pour lui, sortir de mon coeur et se déposer sur lui. J'avais une affection infinie pour sa personne. J'étais bien avec lui. J'aimais sa façon de me regarder, j'aimais sa façon de me faire comprendre que j'étais unique et magnifique. Mais surtout, j'aimais sa façon de m'aimer. Il était le petit copain idéal : sincère, entier, fidèle. Il était parfait. Et on avait ce petit plus tous les deux : cette affinité, cette amitié qui nous liait.
Mais dans les bras de Tom, j'avais compris ce soir que je n'étais pas amoureuse de Bill. Il y a mille façons d'aimer quelqu'un. Et je ne l'aimais pas comme il m'aimait lui. J'avais voulu le croire, parce que ça m'était confortable, ça m'était facile, d'être avec lui. Seulement je m'étais menti à moi-même et il m'était impossible de faire marche arrière aujourd'hui.
Je regardais toujours son visage dans la nuit. Je fixais chacun de ses traits si fins et si fragiles, et je me dis que je n'avais pas le droit de le faire souffrir. Peut être qu'avec le temps mes sentiments évolueraient, peut être que tout me semblait plus simple demain, peut être que c'était juste Tom qui m'avait embrouillé l'esprit avec son sourire dévastateur. J'aimais ces "peut être", et je ne voulais pas tout gâcher avec Bill. C'était mon meilleur ami, je n'avais aucun doute sur ce point là. Alors j'allais faire en sorte que cette relation fonctionne, pour lui.
J'effleurai du bout du doigt la courbure de son nez que j'aimais tant et vis ses paupières s'agiter. Il entre-ouvrit les yeux pour m'apercevoir dans la nuit. On échangea un sourire complice et je glissais dans les draps. Il se tourna vers moi et me prit contre lui avant de retomber dans le sommeil. J'étais bien avec lui, j'étais consciente de ma chance d'avoir quelqu'un comme lui pour veiller sur moi.
On finit ces vacances comme on les avait commencées. On repartit ensuite vers l'Europe pour la suite de leur tournée et de la promo. Une fois de retour dans ce qui était devenu notre train-train quotidien, les jours défilaient à nouveau. Entre les concerts, les interviews, les émissions TV et radios, le temps passait à une vitesse fulgurante. Le groupe était demandé partout. Les fans étaient toujours omniprésentes à chacun de nos déplacements. L'activité du groupe ne décroissait pas.
Début juin, on était de retour sur notre terre natale, l'Allemagne. Ils devaient faire un concert très attendu à Dortmund et les jours qui précédaient cette date étaient réservés pour la promo et un peu de repos. Aussi, une après midi, on décida d'aller faire une partie de Paintball dans une salle non loin de notre hôtel. Je n'y avais jamais joué avant, mais les autres avaient déjà fait quelques parties ensemble et m'avait garanti qu'on n'allait pas s'ennuyer. Une fois arrivés sur place, ils nous donnèrent le matériel et des vêtements de camouflages avec protection. On se retrouva tous les six sur la piste qui nous était réservée pour une heure.
Tom : Donc, tout le monde est près ?
Allison : Attendez, vous pourriez m'expliquer un peu quand même...
J'avais mis tout l'attirail, mais je ne connaissais aucune des règles du jeu.
Anja : Viens, je te montre.
Elle vint vers moi et me prit l'arme des mains.
Anja : Tu tiens le lanceur comme ça, les billes vont là. Après c'est pas compliqué, il suffit de le diriger vers une cible potentielle.
Elle pointa l'arme sur Tom juste en face de nous.
Anja : Et d'appuyer sur la détente.
Tom, en voyant ce qu'elle visait : Et il est interdit de tirer sous la ceinture !!
Les autres se mirent à rigoler.
Anja avec un sourire narquois : Ouais, mais il peut toujours y avoir des balles perdues...
Tom fit un pas sur le coté pour ne plus être dans le champ.
Anja : Donc le but du jeu, c'est de toucher les personnes du camp opposé qui sont éliminées à ce moment là. L'équipe qui gagne est celle qui a touché tous ceux de l'équipe ennemie.
Bill : Et on fait attention à ne pas tirer n'importe où, c'est peut être que de la peinture, mais les balles peuvent faire mal quand même.
Georg : On fait les équipes ?
Gustav : Ok.
Tom : Je suis capitaine, comme d'habitude.
Georg : Moi aussi.
Tom : Je commence à choisir les membres de mon équipe.
Ils allaient visiblement choisir les membres un à un, à tour de rôle entre Bill, Gustav, Anja et moi.
Georg : C'est déjà toi qui a commencé la dernière fois...
Tom : Ouais, c'est la règle. C'est le plus jeune qui commence.
Georg : Je ne sais pas où t'as vu cette règle !
Tom : Je ne sais plus, enfin bref... je prends Gustav.
Gustav alla se mettre à coté de Tom.
Bill à Tom : T'es chiant... Pourquoi tu ne me prends jamais en premier ?
Tom : Parce que tu te bats comme une fille !
Tout le monde pouffait de rire sauf Bill.
Bill : N'importe quoi...
Georg : Je prends Anja.
Tom : Je prends...
Sachant que Bill allait faire la tête s'il ne le prenait pas dans son équipe, Tom ajouta : Bill.
Georg : Et Allison.
J'allai rejoindre Anja.
Anja : Super qu'on soit dans la même équipe !
Les deux groupes s'éloignèrent l'un de l'autre.
Georg à Tom : Donc on compte cinq minutes puis je siffle et on commence, ok ?
Tom : Ok pour vous filer une branlé !
Georg : Ouais, ouais, que de la gueule...
Georg jeta un coup d'oeil vers l'autre équipe pour voir s'ils s'étaient bien éloignés avant de commencer à chuchoter : Donc l'idée, c'est de se la jouer stratégique...
Anja : On fait comme l'autre fois ?
Georg : Oui, comme ça avait bien marché. On attend qu'ils se séparent. On repère Bill discrètement et on se le fait à trois.
Allison : Pourquoi vous voulez vous en prendre à Bill en premier ?
Anja : Parce que c'est le plus nul.
Allison en rigolant : Vous êtes méchants...
Anja : Mais non, c'est juste que les deux autres sont plus... coriaces, on va dire.
Allison : Ok.
Je les suivais tous les deux derrière une palissade. L'espace de jeu était assez grand, il y avait des décors en béton avec beaucoup d'endroits où se cacher. On avait une carte du terrain, tout comme l'autre équipe.
Anja en chuchotant : Donc il faut rester le plus possible à couvert, pour ne pas se faire repérer et surtout ne pas se faire toucher.
Allison : D'acc.
Georg à Allison : Pour l'instant, on reste groupé. Quand je fais ce signe là.
Il mit son index et son majeur vers le bas et les agitaient pour mimer un déplacement.
Georg : On bouge. Quand je mets la main comme ça.
Il tenait la main levée comme pour dire "halte là".
Georg : On s'arrête. Cà...
Il me montrait le poing.
Georg : Ca veut dire : on se regroupe. Et ça...
Il mit la main à l'horizontal.
Georg : Ca veut dire au sol.
Anja : Ouais, il faut ramper des fois. Tu vas voir c'est marrant !
Allison : Punaise, ça a l'air sérieux votre truc quand même...
Anja : Non, c'est juste Georg qui compense sa frustration de ne pas avoir pu faire de carrière militaire...
On fut pris d'un fou rire toutes les deux.
Georg : Taisez-vous un peu, ça va faire cinq minutes. Je vais siffler le début du jeu. Vous êtes prêtes ?
On acquiesçait et il siffla.
Il se mit à regarder un peu partout autour de nous, pour repérer les mouvements de l'autre équipe. Et on se lança vraiment dans le jeu.
On suivait toutes les deux Georg. On passait d'une cache à une autre, en courant le dos courbé pour ne pas se faire voir et Georg nous fit signe de nous agenouiller au sol. Il sortit la carte et pointait trois emplacements.
Georg en chuchotant : Là, j'ai vu Tom, ici Gustav et Bill doit se cacher derrière ce rocher.
Anja : Comme d'habitude, ils n'ont aucun plan.
Georg : Oui, donc on va aller par là... et on va l'encercler. Vous vous mettez de chaque coté, ici et là.
Il pointait deux caches.
Georg : Et moi j'attaque de front et vous me couvrez. Ok ?
On acquiesçait. Le plan se déroula comme prévu, et dès que Bill essaya de fuir du coté où était postée Anja, il se prit une balle de peinture en plein sur son torse.
Anja : Haha, je t'ai eu !
Georg : Bon boulot Anja.
Bill : Ouais... vous l'avez fait exprès de me chopper en premier.
Georg : Désolé... vous venez les filles, il en reste deux.
J'étais un peu triste pour lui, il était éliminé maintenant. Je traînais des pieds perdue dans mes pensées un instant, et j'oubliais de coller au train de mes deux équipiers. Lorsque je me rendis compte que je m'étais isolée, je filais vers une cachette mais je n'eus pas le temps d'arriver jusqu'à celle ci que Tom sortit de nul part, me faisant face. Son arme était pointée sur moi, j'avais la mienne dans la main, le doigt sur la gâchette mais elle pointait vers le bas et je savais que le temps que je la relève pour tirer, il m'aurait déjà envoyé trois pots de peinture à la figure. Je décidais de la jouer subtil, étant donné qu'il ne m'avait pas encore aspergé.
Allison : Tu ne vas pas tirer sur une fille quand même ?
Tom avec un sourire, visiblement ravi de m'avoir coincée : Je croyais que vous aimiez être traité d'égal à égal ?
Allison : Ouais, mais... t'es trop près là, ça fait mal ces balles, à bout portant.
J'avais vu dans le couloir menant à la salle les photos des ecchymoses que peuvent faire ces projectiles.
Il hésitait. Puis il leva les yeux pour fixer son regard sur quelque chose derrière moi.
Tom : Attention !
Il me tira avec lui sur le coté derrière un mur. C'était Gustav qui allait faire un carton dans mon dos.
Gustav en criant de l'autre bout du terrain : Tom ! Arrêtes de pactiser avec l'ennemi !
Tom avec un sourire taquin en me coinçant contre le mur : J'aime bien pactiser.
Il disait ça avec une telle intonation que ça avait une forte connotation sexuelle.
Tom : Dommage qu'on ne puisse pas faire de prisonnier de guerre dans ce jeu...
Il avait toujours son petit sourire. Le lendemain qui avait suivi ma visite dans son bungalow, j'avais eu peur que notre relation amicale ait souffert de ce qui avait failli se passer. J'avais peur qu'on soit mal à l'aise ou distant mais en fin de compte, ce ne fut pas le cas. On continuait à déconner ensemble, à se chercher, c'était notre mode de communication et ni lui, ni moi n'avions envie d'en changer.
Tom : AIE !!
Il se tourna et je regardai dans la même direction que lui pour voir Anja tout sourir.
Anja : C'est ma journée aujourd'hui !! Je me suis faite deux Kaulitz ! Deux !
Tom : C'est de la triche, on faisait une pose...
Georg : Non, non, pas de pose une fois qu'on a sifflé, tu connais les règles.
Anja vint vers moi : Bien joué !
Allison : Ouais...
Georg : Il ne reste plus que Gustav et nous, on est encore tous les trois. Il n'y a pas à dire, on est les meilleurs...
Tom : Charge de revanche la semaine prochaine...
Gustav : Hey ! On n'a pas encore perdu.
S'il aurait pu nous être difficile de le repérer sur un si grand terrain, le fait qu'il crie cette phrase nous donnait une bonne indication sur son emplacement. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, on était tous les trois sur lui. Georg passa l'heure suivante à charrier Tom parce que son équipe avait perdu, alors qu'on se préparait à passer une soirée sympa tous ensembles.
(Le prochain chapitre ne tardera pas. Pour celles qui attendaient des scènes torrides et qui pourraient être déçues, je me rattraperais dans le prochain chapitre...
)