Merci Mag
Here you go...
EpilogueJ'avais presque fini d'installer la petite scène dans notre salon, entre le sapin de Noël tout de guirlandes décoré et le set home vidéo. Il suffisait que Tom branche l'ampli de la guitare électrique que l'on avait offert à notre petite fille - Zoé - pour ses sept ans, et tout serait en place. J'avais ajusté le micro à la bonne hauteur et contrôlé les câblages. Le tapis épais sur le sol en paquet ajoutait une ambiance chaleureuse, tout comme la lumière tamisée et les cadeaux alignés soigneusement sous le sapin. Une douce odeur s'échappait du four et me rappelait que nos convives n'allaient pas tarder.
C'était le premier Noël que l'on allait passer en Allemagne depuis plus de dix ans, dans notre nouvelle résidence qui plus est. J'étais ravie.
Notre maison dans le sud de la Californie me manquait un peu, surtout le soleil et la plage à proximité, mais l'hiver en Allemagne, les décorations, et toute l'ambiance festive de cette période compensaient largement. Ces années passées Outre Atlantique nous avaient permises de reprendre une vie normale, loin des médias, loin du public, pour fonder une famille et faire un break nécessaire dans sa carrière. Mais bien que l'on était heureux là bas, on avait toujours gardé à l'esprit que l'on reviendrait tôt ou tard dans notre pays natal, près de nos familles, de nos proches. C'était chose faite.
J'entendis de petits pas entrer dans le salon, et me retournai un sourire aux lèvres, vers Amy, ma fille aînée de neuf ans. Elle faisait la moue et me fixait d'un air insatisfait que je trouvais adorable.
Amy : Il est quelle heure ?
Allison : Dix huit heures trente.
Amy sur un ton plaintif : Il a une demie heure de retard !
Allison : Les routes sont toutes enneigées, il a du prendre du retard sur le trajet. Je suis sûre qu'il ne va pas tarder.
Amy : P't'être bien, mais il avait promis de venir une heure avant pour me faire essayer mon ensemble et faire les retouches si nécessaire, sans compter le temps de me maquiller.
Allison : Te maquiller ? Tu ne m'en avais pas parlé. Et j'aurais apprécié que l'on en discute avant.
Amy : Je pensais qu'il l'avait fait.
Allison : Je n'apprécie pas que tu rejettes toujours la faute sur les autres, je te l'ai déjà dit. Surtout sur Bill, qui a déjà eu la gentillesse et la patience de te faire répéter et de s'occuper de ton costume.
Amy : Oui oui.
Sa nonchalance m'était pénible, mais je me rappelais que c'était juste la pré-adolescence qui parlait. Elle me fixait toujours du regard.
Allison : Tu peux prendre mon portable - il est sur la table de la cuisine - et l'appeler pour voir où il en est.
Amy avec un sourire : Ok, cool !
Elle s'apprêtait à filer, quand elle se retourna vivement vers moi.
Amy : Au fait, c'est vrai que si on est super bonnes Zoé et moi, on pourra faire comme papa et Bill, chanter dans des super grandes salles et voyager partout, et qu'on n'aura plus besoin d'aller à l'école ?
J'avais envie de lui demander au tac-o-tac qui lui avait raconté ça, mais je me doutais bien de la réponse. Elle avait passé l'après midi et les journées précédentes à regarder de vieilles vidéos du groupe sur scène, mais aussi en coulisses et en interviews.
Allison : Tu iras toujours à l'école.
Amy : Mais ils ont arrêté à quinze ans, eux ! Et Bill se maquillait déjà à huit ans, j'ai vu des photos ! Alors je ne vois même pas pourquoi tu fais tout un cinéma pour ça.
Allison : Votre grand mère était beaucoup plus cool que moi.
Elle avait l'air plus irritée encore, mais n'osait pas répondre.
Allison : Et ils n'ont pas arrêté l'école à quinze ans, ils ont juste continué avec des cours particuliers jusqu'à leurs diplômes.
Amy : J'aimerais ça, prendre des cours particuliers, plus que l'école en tout cas.
Elle marqua une pause et continua : Je vais l'appeler.
Allison : Tu peux chercher ton père avant, j'ai besoin de lui.
Elle quitta le salon pour se poster au pied de l'escalier, duquel on pouvait entendre les quelques accords étouffés qu'il répétait avec Zoé dans sa chambre, et crier : PAPA !! DESCENDS TOUT DE SUITE !!!
Allison : Amy !! Ne hurle pas dans toute la maison, s'il te plaît !
Amy : Tu voulais que je l'appelle !
Allison : Je voulais que tu montes le chercher.
Amy : Mais là c'est bon, il a entendu.
Allison : Ça, c'est sûr qu'il a entendu, comme tout le reste du pâté de maisons.
Elle quitta rapidement la pièce, et Tom déboula dans notre salon. Il regarda autour de lui, les yeux brillants.
Tom : Wouah ! Ça rend super bien le tapis et tout. Elles vont être ravies.
Allison en un sarcasme : Pour l'instant, c'est plutôt le gros stress : Bill est en retard, et c'est la fin du monde.
Je faisais référence à Amy, et Tom comprit tout de suite, connaissant son attachement à son oncle, qu'elle prenait comme exemple, et dont elle rêvait de suivre les traces à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche pour nous émerveiller de sa voix mélodieuse.
Tom : Il est quelle heure là ?
Allison : Moins le quart.
Il se tourna vers la table que j'avais dressée pour nos invités.
Tom : Est ce que tu as bien mis les noms de chaque personne devant leur place respective ?
Allison : Oui. J'ai placé mon frère et sa copine en face de tes parents. Bill entre ta mère et Amy. Zoé à coté d'elle.
Il survolait le salon du regard et se tourna vers moi un sourire radieux illuminant son visage qui gardait toujours cette expression malicieuse malgré les années et la maturité qu'il avait gagnée.
Tom : C'est parfait !
Allison : On n'a fait du bon boulot.
Et je ne parlais pas que de la table et des décorations. On avait réussi à construire une famille, notre famille, dans tous les sens du terme. Mon passé, et le désert affectif laissé par la mort de mes parents, me paraissaient si loin à présent.
Tom plongea son regard dans le mien, et comme s'il pouvait lire cette légère mélancolie dans mes traits à cet instant, il m'embrassa doucement, de ses lèvres que j'avais apprises à connaître par coeur, et qui savaient pourtant encore me retourner l'estomac et me faire perdre pied. Il passa ses mains autour de mes hanches pour me rapprocher de lui, son visage tout chaud frôlant le mien, sa proximité envoyant une vague d'Amour à travers tout mon organisme.
Quelques pas dans la pièce, et le silence qui s'en suivit nous firent nous décoller l'un de l'autre pour revenir sur terre.
Zoé, tenant sa guitare électrique à la main, cherchait son père pour finir les derniers arrangements sur les morceaux qu'elle avait composés avec lui et qu'elle allait jouer ce soir avec sa soeur au micro, devant leur tout premier public, déjà conquis.