[Fic' terminée] Online

Chapitre 9 Phone call

Julia ouvrit sa porte d’entrée et la referma nonchalamment derrière elle. Après avoir jeté ses clefs dans un vulgaire plat en céramique près de l’entrée, elle se laissa tomber dans son sofa. Elle était rongée par le remord, lasse de ne penser qu’à lui quelle que soit la situation, et excédée de constater que sa vie ne tournait plus qu’autour de cela. Elle ramena une mèche derrière son oreille et soupira. Dehors, la nuit avait envahi Munich et seuls les lampadaires fades alignés dans sa ruelle éclairaient son appartement.
Elle détestait la nuit. Pendant des mois pourtant, elle avait été le théâtre de moment de joie intense, d’échanges enflammés, d’attente interminable. Elle avait été témoin et actrice d’une passion aveugle naissante et lui permettait de rendre visite en rêve à cet inconnu qu’elle avait tant aimé.
Elle essuya d’un revers de manche une larme qui glissait lentement sur sa joue gauche. Nostalgie de ces instants de bonheur volés. Elle attrapa son ordinateur et alluma sa messagerie. Pas de nouveau message. Normal. Elle entreprit de relire tous les messages de Thomas, Benjamin ou elle ne savait qui.

Cher Thomas… …le truc moins réjouissant c’est que Fred m’a plaquée. Je sais, pour la cinquième fois. Je ne sais toujours pas pourquoi je me remets toujours avec ce tocard. T’as de la chance d’être célibataire. Au moins tu ne t’entiches pas de poireaux. Il m’a plaquée par SMS, la connerie, même pas le courage de venir me le dire en face… …ça fait bien une bonne heure que je chiale comme une madeleine et j’ai déjà foutu en l’air toute une boîte de kleenex. Tous mes mouchoirs usagés trônent fièrement dans ma corbeille. Quand on y pense sa fait des dizaines de milliers de microbes qui se baladent joyeusement dans mon appart’…

Chère Julia… …tu parles d’une coïncidence. Je crois que c’est le moment de sortir ta super théorie sur le destin et les grandes lignes de ta vie déjà écrites. Ce serait peut être le moment d’aller boire un café … Ou pas… …bon il faut que je te laisse, ma pause clope m’attend. Et OUI, je sais que c’est pas bien pour ma santé. Je sais que c’est ce que tu viens de penser. Mais merci de t’en préoccuper…

Cher Thomas… …tu dis que tu n’écris pas bien mais je trouve que oui, et tes lettres me font toujours plaisir ! J’ai le coeur qui fait un looping quand je vois que tu m’as écrit. Je sais, c’est idiot, surtout qu’on ne se connait même pas. Parfois j’aimerais que notre échange dure toute la vie. Ca m’a apporté quelque chose de neuf dans ma vie… …je lui ai répondu que je ne pouvais pas lui en parler et c’est pour ça qu’elle ne me parle plus. Pourtant c’est ma cousine, elle devrait me comprendre. Je crois que je ne comprendrai jamais les histoires de familles…

Chère Julia… …je te dirais de le quitter pour de bon s’il ne sait pas t’aimer pour ce que tu es. Tu mérites bien mieux, moi par exemple ! Je plaisante. Mais tu mérites quelqu’un de mieux, là par contre je suis sérieux… …mais mon frère ne voulait pas me prêter sa voiture. Je le hais quand il est comme ça ! Alors j’ai dû prendre le bus. Je suis revenu avec des vestes, j’ai encore craqué. Je sais, je suis faible, mais j’adore les vestes… …un DVD avec le reste de l’équipe. Une histoire de fantôme avec Brad Pitt, je ne me souviens plus du titre. Mais c’était super…

Cher Thomas… …et de Fred, le retour ! Je ne sais pas trop ce que je dois faire, c’est vrai qu’il n’est pas comme moi. C’est toi qu’il me faut, ha ha ha !... …moi, à la montagne, avec des skis alors que j’en avais jamais fait ! De la gamelle, du chocolat chaud et beaucoup de rires. J’aurais bien aimé t’avoir avec moi, mais quelque part tu y es à chaque fois que j’ouvre mon ordinateur… …en panne ! Sur la départementale ! J’ai fait du stop mais personne n’a voulu me prêter d’essence. Et ne vas pas me dire que les gens n’ont pas un bidon de secours dans leur coffre, je sais que oui. Même moi j’en ai un. Bon d’accord, il était vide, mais il était là ! Finalement…

Chère Julia… …faisait cinq mois d’échange déjà ! Lire ton message tous les jours est devenu un véritable rituel. C’est toi qui au début me parlait de coeur qui fait un looping à chaque fois que tu reçoit un message, je me rends compte que c’est pareil pour moi. C’est vrai que c’est bizarre comme sensation. Impression de t’avoir toujours connu, tu fais partie de ma vie maintenant… …relation ? Je pense que oui. Mais amis, connaissances, bons amis, je te laisse choisir !…

Elle avait tout relu, mais avait prit soin de s’arrêter avant la conversation qui avait mis fin à leurs échanges. L’horloge de son bureau indiquait maintenant 03h27. Parfois, le destin vous pousse à faire des choses inexplicables. Et Julia croyait au destin. 03h27 était justement l’heure où le faux Thomas était apparu sur le chat où ils s’étaient parlé pour la première fois. Elle attrapa son téléphone et ouvrit le carnet d’adresses. Son numéro de téléphone était là, en surbrillance. Et sans explication, elle pressa la touche appel et porta le combiné à son oreille.
Plusieurs bip … Il décrocha enfin.

- On avait dit pas de téléphone.

Elle frissonna. C’était la première fois qu’elle entendait sa vraie voix. Suave, posée, profonde et une pointe excitante. Il n’avait pas l’air endormi.

- Ca c’était avec Thomas.

Silence. Elle l’entendit étouffer un petit rire à travers le téléphone.

- Quoi ?
- C’est drôle parce que, j’étais justement en train de t’écrire un message. Le hasard fait bien les choses, hein ?

Elle rit à son tour. Oui, en effet.

- Je t’appelais parce que je voulais te dire quelque chose. De vive voix. Et je ne vais pas tourner autour du pot pendant des années alors voilà, je voulais m’excuser pour ce que j’ai écrit sur le groupe pour lequel tu bosses. Je trouve ça lâche de m’en être prise à des gens que je ne connaissais pas. Lâche et petit. Et je m’excuse aussi de m’être énervée le soir où … J’ai dit que … Enfin tu sais …

Silence. Elle pria pour qu’il dise quelque chose, qu’il ne la laisse pas seule face à ses paroles. Silence. Les quelques secondes qui s’écoulèrent lui parurent des minutes.

- C’est vrai c’est lâche. Lâche et petit. Tout ce que tu as fait depuis notre dernière conversation n’a été que bassesse et méchanceté. Mais j’ai ma part de responsabilité. Et j’accepte tes excuses.

S’il avait été en face d’elle, il aurait pu voir un large sourire de soulagement se dessiner sur son visage. Son cœur venait de se décrocher, et ses joues rosirent sous l’apaisement. Oui, le hasard faisait bien les choses.

- Tu ne m’appelais pas que pour ça j’espère. Tu dois bien avoir des centaines de choses à me raconter !
- Des centaines ? Des milliers, oui !

Les minutes défilèrent pendant lesquelles ils parlèrent de tout et de rien, refaisant le monde. Anecdotes, compliments, confessions rythmèrent leur conversation. Etrangement, elle n’avait plus envie de connaître son vrai nom. Sa préoccupation était devenue secondaire, et elle se surprit à lui faire partager sa vie comme si rien ne s’était jamais passé. Après plus de deux heures, la fatigue vint à bout d’elle qui se résigna à raccrocher. Posant le téléphone sur sa table basse, elle ne prit pas même la peine d’aller jusqu’à sa chambre. Elle passa une horrible nuit sur son sofa, mais s’endormit heureuse, contente de retrouver cette sensation de bonheur qu’elle avait perdu.

- Votre billet s’il vous plait … Posez votre valise sur le tapis s’il vous plait …

Aéroport de Munich, 28 Juin, 10h30 du matin. Le soleil déjà bien haut tapait sur les immenses portes vitrées de l’aéroport et l’air parfumé de Juin semblait irrésistiblement appeler l’été. L’hôtesse lui rendit son billet et expédia sa valise vers la soute. Une gaufre à la main, son billet dans l’autre, Julia se dirigea vers le portique de sécurité étonnamment vide et rejoignit rapidement l’air d’attente. Son vol pour Berlin ne décollait que dans une heure. Elle vérifia la porte d’embarquement et s’installa sur un siège près des boutiques.
Elle s’apprêtait à enchaîner les conférences de presse, pourtant elle ne pouvait pas s’empêcher de trouver ce jour excitant. Elle sortit le planning de sa poche et le lut une énième fois. …18h30 Tokio Hotel, amphithéâtre W500… Le nom était entouré plusieurs fois au surligneur bleu. Oui, très excitant …

- Julia !

Elle rangea le papier et leva la tête. A quelques mètres d’elle une silhouette trottinait dans sa direction. Une veste trop grande, une chemise à carreaux impeccablement repassée et une écharpe soigneusement enroulée autour du cou, elle reconnut sans mal Thomas, le collègue de bureau qu’elle avait croisé

- Vous ne m’avez pas attendu !
- Je ne savais pas que vous veniez.
- On ne vous l’a pas communiqué ? Vraiment ? Quelle aberrante méprise. J’ai pourtant sollicité plusieurs tiers afin que le message vous parvienne lors…

Ce fut à ce moment là que Julia repartit dans ses pensées, se contentant de poser les yeux sur lui et de hocher la tête pour feindre d’écouter. Cette allure faussement bourgeoise qu’il tentait de se donner non sans mal avait le don de l’agacer outre mesure. Mais aujourd’hui, cela ne l’atteignait pas. Non, rien ne pouvait entacher cette journée. Car aujourd’hui, elle allait rencontrer l’autre Thomas. Ensemble, ils avaient planifié cela depuis une semaine. Pour rendre d’ailleurs la rencontre entière, elle lui avait demandé de ne pas lui donner son vrai nom et n’avaient échangé aucun détail physique. Pour l’instant il était Thomas, et cela lui convenait parfaitement.

- …Alors vous comprenez maintenant ma surprise lorsque j’ouïs que vous … Julia ? Julia, vous m’écoutez ?

Son prénom l’arracha de nouveau à ses pensées. Elle secoua légèrement à elle et se re-concentra sur son collègue.

- Oui. Oui Thomas je vous entends et vous me voyez navrée de ce qui vous arrive, c’est vraiment terrible.

Puis sans rien ajouter elle se leva pour prendre un café, le laissant interloqué par la réponse qu’elle venait de lui donner.


***


Le reste du vol se passa étrangement silencieusement. Non pas qu’elle refusa d’échanger avec son collègue, mais elle était trop occupée à songer à mille scenarios de sa rencontre avec le vrai faux Thomas. Tantôt elle le bousculait sans le faire exprès, tantôt ils s’enlaçaient en riant, tantôt il s’approchait d’elle et avec une infinie douceur l’embrassait. Elle envisagea tout ou presque, le meilleur comme le pire. Autant dire qu’elle trouva le vol très rapide, le trajet en taxi incroyablement bref et l’installation à l’hôtel d’un court étonnant.
Il était 17h45 lorsqu’ils sortirent de l’avant-dernière conférence. Sur le parvis du bâtiment, elle alluma une cigarette qu’elle s’empressa de porter à ses lèvres.

- Vous fumez ? Julia, dites-moi que ce n’est pas vrai ! Vous savez que c’est mauvais pour la santé ? Et affreusement pas féminin ! Regardez toute cette fumée qui s’échappe dans l’air. De la pollution, de la pollution délibérément rejetée dans l’atmosphère. Si tous les fumeurs cessaient de…

Une seule journée en compagnie de son collègue lui avait suffit à comprendre la cause de son célibat de longue durée. La remarque la fit sourire en coin et elle tira une nouvelle bouffée alors qu’elle l’entendait réciter d’une oreille distraite une de ses longues tirades sur la pollution atmosphérique. Le ciel était chargé à Berlin, et plongeait la ville dans un gris morose. Alors qu’elle prenait le temps d’apprécier la fin de sa cigarette, elle suivait du coin de l’oeil les passants affairés qui marchaient d’un pas vif, tête baissée. Ils ne se regardaient pas, bien trop occupés à mener à bien leur petite existence. Elle se surprit même à se demander si Thomas était parmi eux. Où pouvait-il bien être ? Que pouvait-il faire ? Que pouvait-il être en train de dire ? La rencontre était imminente, ce n’était maintenant qu’une question d’heures. Ce soir, elle saurait.

- … café brûlant, c’est insupportable. Il faudrait-y aller, n’est-ce pas ? La prochaine conférence débute dans dix minutes, et je ne voudrais pas risquer d’être octroyé une mauvaise place, bien que ce groupe d’adolescents me laisse de marbre. De la musique ? Bach faisait de la musique. Eux, ils font du bruit ! La musique n’est plus ce qu’elle était, elle a bien…

Bla bla bla. Elle écrasa sa cigarette et fit signe qu’elle rentrait. Ils arrivèrent devant un employé qui après avoir vérifié leur pass les laissèrent pénétrer dans l’imposant amphithéâtre. Elle laissa son collègue choisir les places et s’installa. Sa montre indiquait 18h25, et un stress inexplicable commença à monter en elle.


***


Elle avait laissé son collègue pour le rejoindre. Enfin. Il lui avait donné rendez-vous dans la salle où son groupe se produisait ce soir. Une fois la porte d’entrée des coulisses passée, elle suivit les couloirs selon ses indications. Elle déboucha finalement sur un corridor étriqué, à peine éclairé par quelques néons qui sautaient de temps à autre. A quelques mètres d’elle, une porte. Il était là, derrière cette porte, il l’attendait. Elle éprouvait un sentiment grisant d’excitation à mesure qu’elle s’approchait de l’entrée qui la séparait de lui. Elle tendit la main pour saisir la poignée et avec un léger sourire la toucha du bout des doigts.
Noir. Douleur. Vue trouble. Elle passa instinctivement sa main sur son nez qui coulait abondamment et manqua de s’évanouir en y distinguant du sang.

- Mais ça va pas, vous êtes malade !
- Je suis désolé, je suis vraiment désolé, comment je pouvais deviner que vous étiez juste derrière ?

Il la saisit par les bras et l’aida à s’asseoir contre le mur du couloir étriqué. La douleur au niveau de son nez la lançait tellement que des larmes sillonnaient à présent ses joues rosies. Du peu qu’elle voyait encore, elle distingua dans la semi-pénombre du corridor la silhouette de l’homme qui s’employait maintenant à tamponner avec soin sa lèvre supérieure. Brun, la peau blanche, des yeux foncés, un subtil parfum de laque et d’eau de toilette, un large bonnet gris clair. Un large bonnet et un parfum qui lui disaient quelque chose … L’un des principaux atouts de Julie Gerlich était son incroyable mémoire. Mémoire des mots, mémoire des chiffres, mémoire olfactive, mémoire visuelle. Elle lui permettait de retenir des détails insignifiants. Et ces petits détails insignifiants avaient fait remonter à la surface dans des souvenirs enfouis.

- Mais qu’est-ce que vous foutez là, vous. Lança-t-elle à demi-voix.

Les yeux fermés, luttant pour rester consciente face à la douleur qui s’intensifiait, les mots étaient sortis presque instantanément sur un ton de lassitude à peine dissimulé.

- Vous êtes le type qui s’est évanoui sur mon capot il y a plusieurs mois. Je vous déteste, vous m’avez fait perdre le job de ma vie, et ce jour là mon copain m’a quittée pour la quatrième fois. Oui, je vous reconnais, et non je ne vous en veux pas. Vous vous en foutez sûrement mais grâce à vous j’ai rencontré le gars le plus merveilleux de la Terre ce soir là. Mais d’ailleurs, il doit m’attendre ! Vous pouvez lui dire que je suis là s’il vous plait, il est quelque part derrière la porte. Dites lui que Julia est là. Il s’appelle T- …
- … -Thomas ?

Elle ouvrit de nouveau les yeux. Sa vue se fit plus nette et elle tressaillit légèrement en remarquant que la personne qui se tenait devant elle n’était autre que …

- Mais tu peux m’appeler Bill si tu préfères.

Elle resta quelques instants interdite, se demandant si tout cela n’était pas qu’une vulgaire farce. Mais Thomas ne s’était que trop moqué de ses théories sur le destin, théories qui avaient pourtant trouvé tout leur sens ces derniers mois.

- D’accord. Je comprends mieux maintenant. J’y crois pas, j’ai failli écraser le chanteur de Tokio Hotel ? Bon sang mais t’es inconscient d’avoir fait ça, ça m’aurait coûté bonbon !

Il rit. Sa voix cristalline lui paraissait soudain tout à fait familière.

- Mais t’as une voix tellement différente au téléphone …
- Toi aussi je te rassure. Et une apparence très différente aussi. T’as coupé tes cheveux …
- On aurait dit une crinière.

Il fit glisser dans ses doigts une mèche rousse, et avec un sourire presque mal à l’aise il poursuivit.

- J’ai su dès le départ que c’était toi. L’histoire du gars qui s’était évanoui sous tes roues me semblait trop familière pour que le gars en question ne soit pas moi.
- Alors tu auras triché jusqu’au bout, hein ? Moi je ne pouvais pas deviner. Premièrement, parce que sans maquillage tu n’avais pas du tout le même visage, et deuxièmement parce que jusqu’à aujourd’hui durant la conférence, je n’avais jamais réellement prêté attention à ce joli physique.

Son nez avait cessé de couler et la douleur s’atténuait visiblement. Elle se releva et tendit une main à Bill qui la saisit pour se relever à son tour.

- On a des choses à se dire, alors. Conclut-elle en soutenant son regard. Stop la parlotte ici. C’est pas un endroit pour parler sérieusement.

Visiblement embarrassé, il passa sa main libre dans sa nuque, cherchant ses mots. Elle prit un temps pour promener son regard sur lui. Ce visage magnifique, à la fois enfantin et emprunt d'une certaine tristesse à peine visible, ces yeux aussi transperçants qu'à leur première rencontre, cette bouche si désirable. Elle n'aurait pu rêver meilleure incarnation de celui dont elle avait rencontré tant de fois en rêve.

- Avec un café, ça te va ?

Il sourit finalement et acquiesça. Bonheur de pouvoir enfin le toucher, lui parler, le regarder.


***


L’histoire peut paraître loufoque, ou irréelle, je sais. Mais elle est jolie tout de même, non ? Finalement, Bill et moi ne sommes sortis ensemble que quelques mois. Ce n’est pas un conte de fées non plus. Nos vies et nos caractères étaient trop différents pour être conciliables. J’ai passé des moments magnifiques avec lui, c’est une personne adorable. Puis nos chemins se sont séparés. Nous sommes restés en contact pendant quelques mois après notre séparation, mais maintenant je n’ai plus aucune nouvelle. Cependant, l’épisode Bill reste l’un des moments forts de ma vie. Je ne veux pas forcément le faire partager, les magazines l’ont fait pour moi ; juste en garder une trace. Et j’avais simplement envie de le coucher sur papier.

Julia hésita, puis ses doigts se décollèrent du clavier. C’était une jolie fin. Elle parcourut rapidement des yeux les derniers mots qu’elle venait de taper, enregistra le tout et referma son ordinateur. Assise dans son lit elle songeait, le regard perdu, sa main droite effleurant doucement les mailles d’un large bonnet gris clair …