Moody-x
Messages : 55 Points : 85 Date d'inscription : 21/02/2013
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| Sujet: [OS] Ce qu'il reste de moi Mar 25 Mar 2014 - 15:32 | |
| Le vingt-huit mai aurait pu être un jour banal pour les autres mais pas pour moi, pas pour nous. Nous, que le temps à effacer. Nous, que le temps a détruit. Nous. On était le vingt-huit. Nombre insignifiant pour les autres mais pas pour moi, pas pour toi. On aurait pu vivre un amour inconditionnel, un amour parfait aux yeux des autres mais rien de cela ne s'est passé parce que tu es parti. Trop tôt à mon goût. Tu aurais pu rester, oui, tu aurais pu, mais tu étais tellement têtu, fier comme un paon, espèce de crétin. Bill, tu n'es qu'un crétin.
Tu n'avais pas le droit de me laisser seul, pas après tout ce bonheur que l'on vivait ensemble. Pourquoi tu as fait ça ? Ce geste. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Tu pouvais tout me dire à moi, je ne t'aurais pas jugé, je suis ouvert à tout et tu le savais. Alors pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi ? Je crie en silence toute cette douleur, cette souffrance que tu n'entends pas.
Tu veux savoir ce qu'il reste de moi Bill, tu veux vraiment savoir ? Ce qu'il reste de moi, c'est un cœur en mille morceaux, un grand vide dans mes draps. Un regard triste, les yeux dans l'eau. Tu vois tout le mal que tu me fais ? Depuis ton départ, j'ai l'impression d'être hanté par un noir profond qui me tire toujours de plus en plus bas. Le temps n'arrange rien non plus, grisâtre, comme si l'Être là-haut comprenait mon mal-être.
Tu étais un être si joyeux, si heureux de vivre. Bill, pourquoi tu m'as laissé tout seul ? Nous sommes le vingt-huit, jour insignifiant, mais pas pour nous. Le début de tout, la fin d'un tout. Quelques pages de notre amour éparpillées aux quatre vents qui ne verront le jour que si j'en écris un roman un jour. Tu sais Bill, le temps semble s'être arrêté depuis que tu n'es plus là, comme si une journée comptait plus d'heures, comme si je n'en voyais jamais la fin.
Perché là, au-dessus de ta tombe, je regarde ta plaque : « Bill Kaulitz, 1er septembre 1989 – 28 mai 2013 A notre fils bien aimé, à mon amour perdu, repose en paix » Là-haut, dans les cieux, j'espère que tu es heureux. Mais, et moi ? Tu crois que je suis heureux ? Tu crois que je vais mieux ? Espèce d'idiot, abruti, égoïste, tu n'avais pas le droit de me quitter comme ça. Pas comme ça, pas comme tu l'as fait. Ce qu'il reste de moi ?
p*tain Bill, ce qu'il reste de moi, c'est toutes ces larmes qui creusent mes joues, qui assèchent mes yeux noir de tristesse. Mes larmes seront séchées par le temps, on s'est quitté bien malgré moi, on s'était vu un peu trop grand... Pardonne moi, Bill. Tout n'est pas de ta faute, je n'aurais pas dû te laisser seul...
Et plus j'y pense, plus je me dis que je devrais être puni pour un tel crime. « Tu es qu'un abruti fini Bill, un mec qui pète plus haut que son cul. Diva infâme. Tu devrais mieux te faire péter la rondelle par tous ces autres mecs, tu me dégoûtes. » Voilà les mots que tu as entendu avant de mourir, voilà ce que j'ai dis avant ta mort. Mais tu me connais Bill, avec quatre verres de Jack Daniel's dans chaque bras, je ne suis plus moi-même, je ne voulais pas te balancer ça... Je te demande pardon.
J'ai ton sourire dans ma mémoire, je vais m'efforcer de le garder. Ce sourire si heureux, si beau, qui dévoilait tes belles dents blanches alignées et qui me donnait envie de sourire aussi. Ce sourire était tout, le début. « Tu veux qu'on essaye de se mettre ensemble ? » t'avais-je demandé, et toi, tu t'étais contenté de sourire, puis de m'embrasser doucement. Tes lèvres si douces, si aimantes me manquent. Une partie de moi s'en est allée. Les jours empreints de désespoir sont plus faciles à surmonter, comparée à la mort. Elle, elle est bien plus difficile.
Le vent ne cesse de me souffler ton nom, et crois moi, j'ai peur d'en perdre la raison. Tout ce qu'il y a autour de moi me rappelle à toi, du simple coup de vent qui venait glisser ton odeur dans mes narines à la démarche coquette d'une jeune fille en fleur, aux couples qui s'embrassent... Tout ce qui nous reliait sur ce que je croyais être l'éternité.
Tout ce qu'il reste de moi, c'est une guitare désaccordée, deux ou trois notes et une voix qui n'ose même plus fredonner la douce mélodie de ta voix. Ta voix qui me fera toujours rêver et qui résonne toujours en moi. Pourquoi tu m'as-tu laissé tout seul ? Pourquoi as-tu été si lâche ? Tu savais que le monde était davantage ouvert. Ton père ne t'aurait pas jugé, ni ta mère. Ni même moi, ton amant fougueux qui t'avais rendu fier de ce que tu étais.
C'est de là que tout est parti. Ta p*tain de fierté. Après t'être accepté, je n'existais plus et tu as préféré fricoter avec d'autres. Ça m'a tellement rendu fou de rage. Tu le savais que j'étais jaloux. Jaloux à m'en rendre malade. Un possessif qui aurait pu te séquestrer dans sa maison. Un fou qui t'aurait donné tout l'or du monde. Ce fou qu'on arrêterait pour « amour abusif ».
Et maintenant, ce fou ne sait plus où aller, son corps est lourd à transporter. Il fait si noir dans ma vie, les ténèbres inondent sans cesse ces belles journées ensoleillées. Pourquoi ? Parce que chaque minuscule partie des mes cinq sens : ma vue, mon odorat, mon touché, mon goût, et même mon ouïe m'amènent à repenser à toi, à ressasser ce passé que nous étions, ce futur qu'on ne sera jamais. A la vue de ce boxer que tu m'avais offert, au touché de ce premier ours en peluche que tu m'avais offert, au goût de ton pêché mignon qu'était les salsifis, en passant par le son de ta voix enregistrée dans mon dictaphone. « Tu sais Tom, je crois que tu es l'homme de ma vie, celui pour lequel je pourrais donner corps et âme, mourir pour le protéger. Je suis fou de toi et ça devrait être interdit d'être aussi fou d'une personne. »
Ces beaux mots, ô Bill, tu n'es pas mort pour me protéger, tu n'es pas mort pour moi, mais pour toi. Si tu m'avais parlé de tes problèmes, si tu m'avais parlé de ces homophobes, si tu m'avais parlé de tout ça, je ne serais pas là devant ta tombe, à pleurer à chaudes larmes. Je ne serais pas là, le soir à me dire qu'il fait si froid dans notre grand lit et qu'une flamme dans le silence réchauffe mon cœur froid. Ô Bill, j'ai peur maintenant, peur de vivre sans toi, peur d'être heureux alors que toi, tu es six pieds sous terre, que toi tu ne ressens plus rien. Ni ma souffrance, ni même ma solitude. J'ai tellement peur en ton absence, peur de ne plus retrouver ma voie, celle que tu m'avais aidé à trouver.
Cette voie où il n'y avait que toi et moi, et ce vingt-huit. J'ai peur Bill, peur d'être heureux sans toi. Je ne veux pas être heureux avec un autre. Et toi, tu n'es plus là pour que je puisse partager tous ces moments à être heureux, du petit rot que tu lâchais quand tu avais bien mangé à ce fou rire mémorable lorsque j'avais fait l'effort de mettre ce string bonbon pour réaliser ton fantasme.
Si tu savais à quel point tu peux me manquer Bill. Personne ne t'égale, aucun autre homme, aucune autre femme, tu le sais. Même si je redeviens ce coureur de jupon sans cœur, que je couche à droite, à gauche, que je fais mal, rien ne te vaut, rien ne vaut tes mouvements de rein, tes mouvements de lèvres sur mon membre gonflé et tes gémissements. Personne n'est égal à toi. Ma vie devient un tel ennui que j'en perds la raison.
Peut-être devrais-je te rejoindre ? Caler mon corps mort près du tien, ne faire plus qu'un jusque dans l'éternité. Plus rien ne m'intéresse, plus rien ne me distrait, même mes amis n'arrive pas à m'aider à sortir de ce trou si profond, si sombre.
Je suis fatigué, fatigué de vivre sans toi, fatigué de sourire alors que je me détruit à petit feu face aux autres. Je suis fatigué de passer mes journées, enfermé dans le noir à jouer à mes jeux vidéos, à relire tous tes textes, à regarder nos photos. Les photos de ce temps révolu, passé, qui n'existera plus. Mon cœur saigne, mon cœur me fait mal, je n'arrive plus à me battre. Même si je devais me battre pour toi, que devrais-je faire Bill ? Tu n'es plus là pour voir tout ce que je fais et je n'en peux plus. Je ne peux plus me battre pour toi. Se battre contre du vent, c'est s'épuiser, s'épuiser jusqu'à ne plus avoir de force. Je ne veux plus avoir à me battre contre un abruti de spectre qui m'a abandonné.
Parce que oui, tu m'as abandonné, lâchement, comme un traître. Espèce de lâche, d'abruti, tu n'avais pas le droit ! Tu vois ? Tu vois toute la détresse qui me submerge ? Tu vois tout le mal que tu me fais avec tes conneries ? Tu vois ce que tu me fais subir ? J'en deviens fou. Fou à lier. Fou de parler à une pierre tombale au-dessus de ton corps. Fou de parler à un mort qui ne me répondra jamais. Ou peut-être que tu es là, à travers le vent qui me souffle ton nom ? Un signe de ta présence à mes côtés ?
Mais qu'est-ce que je raconte ? Tu es mort ! Mort. Tu as fini tout froid, rigide à pourrir de l'intérieur, tu n'es plus rien, juste un tas d'os qui pourri sous six couches de terre. Les larves te dévorent alors qu'auparavant, c'est moi qui te dévorait. J'ai bien peur de perdre la raison. Mes genoux n'arrivent plus à supporter mon poids, ils fléchissent, et me revoilà à nouveau à pleurer sur ta tombe. Mon corps ne fait que sursauter, mes doigts caressent le marbre frais qu'est ta tombe. Me voilà si faible, comme un mort-vivant.
Ce qu'il reste de moi ? Bill, tu connais la réponse. Il ne me reste que le vingt-huit mai pour me souvenir sans cesse tout ce mal que tu m'as fait. Tout ce mal qui a brisé nos cinq ans de vie commune. Tout ce mal qui a brisé ma demande en mariage. Ce qu'il reste de moi ? Une bague posée, cachée dans le pot de tes fleurs préférés : les hibiscus. C'est tout ce qu'il reste de moi, l'ombre d'un mort-vivant effondré devant la tombe de son bien-aimé. Moody. © | |
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