Tokio Hotel en concert en France : Notre reportageTokio Hotel n’en a pas
fini avec la France. Le groupe allemand, qui a lancé fin février sa
tournée européenne, a fait son retour sur notre sol mercredi 17 mars à
Lille. Les fans français n’avaient plus revu Bill Kaulitz et sa bande
depuis le show du Parc des Princes en juin 2008 et leur ont réservé un
accueil passionné !
Des premières dates sold-out puis d’autres dans des salles à moitié vides,
comme en Suède, avant un fiasco en Russie avec l’annulation à la
dernière minute de deux concerts... Le
Welcome to Humanoid City Tour, reparti
en Pologne et en République Tchèque, fait son retour sur la terre des
premiers exploits du groupe hors d’Allemagne et la pression est lourde
sur les épaules de Bill, Tom, Georg et Gustav. Il s’agit de prouver
qu’ils peuvent toujours déplacer et enflammer les foules et ce malgré
les ventes décevantes de leur dernier album. Et c’est sans doute le
grand point positif de ce premier show : sur scène, TH n’a rien perdu de
sa communion avec les fans. Le groupe a voulu frapper fort avec une
scène gigantesque créée par Misty Buckley (Muse,
Anastacia) sur le mode d’une ville futuriste tandis
que les costumes de scène du chanteur sont l’œuvre de la marque
branchée DSquared2. Certains fans, âgés parfois d’une dizaine d’années
mais pour la majorité de 15 à 25 ans, campaient depuis une semaine
devant le Zénith ! Principalement féminine, même si on a croisé des
garçons grimés en Bill Kaulitz, cette communauté a été autant ravie de
revoir le groupe qu’inquiète de constater que la foule présente était
bien moins imposante qu’avant. En 2010, ce ne sont plus que les fidèles
parmi les fidèles qui se déplacent. Ce qui n’a quand même pas empêché
une cohue hallucinante à l’ouverture des portes avec bousculades et
malaises à la chaîne.
A l’intérieur, l’heure est à la course pour le premier rang dans la fosse
ou la meilleure place en gradins mais aussi à l’installation des
pancartes (
"Wilkommen nach Hause", "Wir sind immer da"). Aucun
doute ici : le show se fera dans leur langue maternelle et non pas en
anglais : les fans en feraient une crise de nerfs. Le groupe fera quand
même trois exceptions pour
Screaming,
Hey You et
Dogs
Unleashed. En attendant, les fans scandent
"Tokio
Hotel !" à s’en briser les cordes vocales. Et soudain tout
explose quand le noir se fait, que le grand rideau s’abat et que les
premières notes de
Komm résonnent. A ce moment-là, quoi qu’on
puisse penser du phénomène Tokio Hotel, il reste touchant d’entendre ces
milliers de fans chanter en chœur dans une ferveur où beaucoup, même
parmi les plus calmes, laissent couler quelques larmes. Elles remarquent
ainsi à peine que l’œuf de fer géant censé s’ouvrir en deux pour
laisser apparaître Bill a connu quelques soucis puisqu’il apparaît déjà
ouvert. Elles n’ont d’yeux que pour ces quatre garçons.
Et en premier lieu Bill Kaulitz. Terminé les jeans et vestes en cuir :
le chanteur de 20 ans, plus androgyne que jamais, a opté pour des tenues
de scène digne de la diva qu’il est devenue. Combinaison intégrale
noire moulante à laquelle vont se greffer tout au long du show
différents accessoires tous plus excentriques les uns que les autres,
yeux noircis de mascara et de fard à paupière... Question cheveux, il se
la joue plutôt sobre sur cette tournée avec une coupe légèrement à
l’iroquoise. Son frère jumeau Tom a lui gardé ses vêtements XXL
d’amateur de hip hop tandis que Georg et Gustav restent fidèles à leur
look de
boys next door. On distinguera un strap bleu sur le bras
gauche de Tom, comme quoi le boulot de guitariste ça peut aussi faire
mal. Le show est bien rôdé et les titres s’enchaînent, venant en
majorité du nouvel album à l’exception d’anciens tubes tels que
Ich
brech aus, übers Ende der Welt et
Durch den Monsun.
Energique, bien ficelé avec jeux de lumières, changements de tenues et
pyrotechnie (les flammes jaillissant de la scène sur
Hey You et
le piano qui prend feu sur
Zoom) : il n’y a pas une minute de
répit. C’est d’ailleurs le seul bémol : tout est tellement millimétré
qu’on perd un peu en spontanéité. Celles qui ont déjà vu plusieurs shows
sur cette tournée remarquent évidemment que les transitions des
chansons sont les mêmes, parfois au mot près.
Mais le charisme de Bill assure le principal. Il fait ce qu’il veut de son
audience qu’il tient sur le bout de ses doigts gantés. Quelques mots en
français, un haussement de sourcil ou un sourire et voilà les hurlements
qui se déchaînent. La star, c’est lui. Le garçon tient vocalement la
route sans être un ténor et ne s’économise pas : il court partout, va
chercher la foule, se trémousse ou encore va se moquer gentiment de son
frangin pendant son solo de synthé.
Car elle est aussi là la
nouveauté : Tom et Georg ne se contentent plus de leur guitare et de
leur basse, ils doivent aussi assurer un renfort vocal et quelques
morceaux de synthé. Ces quatre garçons, qui remplissent des arènes à
l’âge ou d’autres se lancent à peine, continuent de prouver que sur
scène ils n’ont aucun complexe à avoir.
Parmi les meilleurs moments, la version acoustique de
Geisterfahrer sans aucun doute, tout autant que les survoltés
Sonnensystem,
Screaming, Träumer ou
Alien, excellent en live. Pour le
moment nostalgie :
Durch den Monsun.
Hey You, hymne de
stades, avec cette scène qui s’enflamme, est une réussite. Le seul raté
vient sans doute d’
Humanoid, qui a tout perdu avec ce choix de
l’acoustique. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que c’est au beau milieu
de ce titre que les garçons s’arrêtent pour un petit discours de
remerciement.
"C’est grâce à vous que nous sommes là, c’est grâce à
vous que nous pouvons continuer" lance ainsi le leader de la bande.
Une petite phrase qui prend tout son sens dans une salle bien remplie
mais pas complète et alors que le groupe vient d’annuler son concert de
Nice le 22 mars pour
"raisons techniques". Après Lille et Lyon,
il leur restera les dates de Nantes, Marseille et Toulouse avant de
revenir en France le 14 avril pour un show à Bercy qui marquera la fin
de cette tournée européenne. Derrière, l’Asie les attend début mai pour
un nouveau défi.
Carole Bouchard
Source: http://www.evous.fr/musique/Tokio-Hotel-en-concert-en-France,9517