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Ce photo-shoot commence à m'épuiser. Mon patron, Pete, m'envoie chercher différentes choses toutes les deux minutes à l'autre bout du studio. Et puis je dois supporter les regards langoureux que me lance le mannequin allongé négligemment sur le canapé en cuir , vêtu d'une fourrure et torse nu en dessous. Ses yeux noirs brillent et reflètent l'objectif de l'appareil.
Pete : bon, il me faut l'objectif 12X34 s'il te plaît ! Et dépêche toi!
- Euh je , oui tout de suite monsieur!
Je cours sur le bureau et fouille dans la mallette. Je n'en peux plus. Le livreur qui vient d'installer le nouveau bureau part.
- Voilà!
Il hoche la tête et commence l'installer sur son appareil. Mon regard tombe sur le torse du mannequin et monte, monte, comme inexorablement aimanté par sa bouche. Ses lèvres brillantes s'entrouvrent et un bout de langue les humidifie. Je veux détourner le regard mais ses yeux charbon m'accrochent au passage. La commissure de ses lèvres se tire vers le haut et un petit sourire mesquin se dessine alors. Je me sens fébrile et en sueur.
Pete : mais mais...! Il a oublié de me laisser le devis du bureau ce petit con!! Je vais le chercher. Tu t'occupes du shoot ?
- Comment ?! Je...moi ?! Shooter ?! Je ne suis qu'une stagiaire!
Pete : raison de plus pour apprendre !
Et il me laisse là. Seule. Seule devant cet être divin qui m'envoie des signes pour m'attirer. Son regard transperce mon âme, il lit en moi, ou du moins c'est l'impression qui en découle.
- Euh bon. Tu devrais... te tourner plus vers moi et hum...ouvre un peu plus la veste voilà. Tu sais, comme tout à l'heure, avec tes lèvres...Voilà. FLASH FLASH FLASH. Parfait ! Je...
Oh mon Dieu, qu'est ce qu'il fait ?! Il me sourit et se lève. Son corps fluide déambule comme un chat jusqu'à la porte. Serrure fermée. Il se retourne : sourires coquin et paradisiaque. Des perles de sueur se forment sur mon front. Un feu m'habite.
Des mains manucurées noires et blanches attrapent des mains aux ongles rongés.
Des lèvres pulpeuses et fermes emprisonnent une petite bouche sèche.
Un souffle pur voyage sur une peau brûlante.
Une veste en fourrure de plusieurs milliers d'euros tombe au sol rejoindre une chemisette bon marché.
Un jean haute couture glisse le long d'un corps de luxe tandis qu'une jupe classique est remontée sur un ventre orné d'un vieux tatouage usé.
Des sous-vêtements – à quoi bon le prix, ils sont fait pour être enlevés! - volent et accrochent une lampe à pied.
Un bureau en verre coûteux reçoit deux corps fébriles sur sa surface. Un meuble IKEA n'aurait pas tenu à ce choc.
Froid du bureau – Chaleur des corps.
Dureté du bureau – Douceur des caresses.
Immobilité du bureau – Intensité du mouvement.
Transparence du bureau – Âmes sombres, chacune dans leur pensée et qui ne connaissent rien l'une de l'autre mais qui s'allient, ici et maintenant, sans se poser de questions.
Silence du bureau – Soupirs, Gémissements, Cris, … Langage des corps.
Omniprésence du bureau – Fin. Fin de l'émotion. Fin des sens. Fins des sentiments.