S.O.S. d'un terrien en détresse
Cette fois-ci, il lui dirait tout. Il ne pouvait pas rester là, la regarder partir et s’éloigner de lui sans rien faire. Il lui dirait tout, tout ce qu’il ressentait pour elle. Il se mettrait à genoux même, la supplierait de le reprendre, qu’il changerait. Il ferait tout pour elle. Il arrêterait la musique si elle le souhaitait. Dans une semaine leur divorce serait effectif, il ne pourrait plus rien faire.
Il se leva du canapé, se craqua les doigts en se dirigeant vers la cuisine pour se réchauffer un café. Il lui faudrait de l’énergie et de la force. Oui, il arriverait à la convaincre. Il sentait déjà son cœur battre à l’idée qu’ils puissent de nouveau former une famille. Un sourire naquit sur ses lèvres l’imaginant au saut du lit, les cheveux en batailles, les yeux dans le vide, pas tout à fait endormie mais loin d’être réveillée tout de même. Peut-être même qu’elle reprendrait l’habitude de lui faire de crêpe de temps en temps. C’était la reine des crêpes, jamais il n’en avait mangé de meilleurs que les siennes. Et puis il la taquinerait gentiment sur la façon dont elle oubliait tout. Une vraie tête en l’air. Comment avait-il pu laisser les choses aller aussi loin ? Comment de simples disputes ont pu les mener au divorce ? Non, il ne pouvait pas briser ce qu’ils avaient, il ne pouvait pas faire cette bêtise. C’était à lui de se sacrifier. Il arrêterait la musique et serait plus présent pour elle, pour sa famille. Car son absence, sa célébrité, c’était ce qui avait fait tourner son rêve en cauchemar. Il se souviendrait sans doute toute sa vie du jour où elle avait prononcé ce mot entre deux sanglots désespérés après une énième dispute : « Divorçons ». C’était même pas discutable. Elle ne lui avait pas vraiment laissé le choix et lui, trop fier, il n’avait pu faire machine arrière, essayer de faire des compromis. Mais c’était fini, sa fierté il la jetait dans le trou des toilettes et tirait la chasse d’eau. Jamais elle ne se mettrait plus entre eux. Il allait faire en sorte que les chose s’arrange. Il sortait enfin de sa passivité pour passer à l’action.
Tom regarda l’heure. Elle arrivait dans vingt minute. Ca lui laissait amplement le temps de se rendre chez le fleuriste. Il enfila sa veste d’un geste vif et l’enfila, chercha ses clefs de voiture pendant cinq minutes, et enfin démarra et se dirigea vers le centre ville. Il tomba bien évidement dans un embouteillage, le stresse montait en flèche. Et si elle l’envoyait paitre ? Et si, pire encore, elle lui riait au nez pensant qu’il débitait une grosse blague ? Il mâchouillait l’ongle de son index droit tout en appuyant violemment sur le klaxon pour que la voiture devant se rende compte que le feu était passé au vert depuis bientôt une minute. Il lui restait douze minutes avant échéance, à cette allure, il ne pourrait pas acheter un bouquet et aurait tout juste le temps de revenir à l’heure. Finalement la circulation se décongestionna et il put choisir une belle composition de violette sauvage et de marguerite, ses fleurs préférées. Une fois rentré il posa les fleurs sur le plan de travail de la cuisine. Elle devrait être là dans trois minutes. Pas le temps pour une douche, il passa tout de même une coup de gant de toilette sous les aisselles, mit un peu d’anti-transpirant et enfila sa plus belle chemise. Il se donnait un coup de peigne lorsqu’il entendit la sonnerie de la porte d’entrer. Il souffla un bon coup et descendit les escaliers quatre à quatre. C’était partie, il se devait de réussir. Jamais il n’avait été plus déterminé que ce jour là. Arrivé au seuil, il reprit rapidement son souffle et ouvrit la porte un grand sourire au lèvre.
Sourire qui se fana aussitôt. Tous ses jolis discours bien préparés dans se tête s’envolèrent d’un seul coup pour laisser dans son esprit un grand vide. La femme de sa vie se tenait là, portant le sac à langer de son épaule droite et sa main gauche tenant une autre main. Cette main forte appartenait à un homme, cet homme même tenait le cosy de son propre enfant, de sa main gauche. Un nœud se forma dans l’estomac de Tom. Qu’est-ce qu’il foutait là ? Pourquoi avait-il l’impression d’être l’intrus dans ce tableau de la parfaite petite famille ? Une jalousie immense le submergea tout entier. Il arracha presque des mains de l’homme le cosy de son petit ange ne supportant pas l’immonde vision du copain de sa presque ex-femme se comportant en papa et mari modèle. Comment osait-il même se comporter ainsi devant le papa du bébé ? Comment pouvait-il essayer de le remplacer ! Il ne le connaissait que depuis trente secondes top chrono et déjà il le détestait de toutes les forces de son corps. Sa future ex-femme le regardait d’un air réprobateur. Il comprit alors que c’était perdu, tout était perdu, il était en retard, elle était déjà passé à autre chose. La supplier n’arrangerait rien, il se rendrait ridicule et puis c’est tout . La situation deviendrait gênante pour tous les deux. Beth entra alors pour poser le sac et les affaires de leur fille. Elle vit de suite le bouquet de fleur. Il ne lui en fallut pas plus pour comprendre la situation. Elle a toujours l’esprit vif Beth. Elle le regardait embarrassée comprenant le port de la chemise fétiche de Tom qu’elle avait toujours eu tant de mal à repasser. Elle devait surement se demander ce qu’elle pouvait bien pouvoir lui dire. Elle baissa le regard et tortilla ses doigts. Ses chaussures devenait d’un seul coup tout à fait intéressante. Il faudrait d’ailleurs qu’elle pense à les laver, car quelques tâches ornaient les contours de celles-ci. Elle choisit de ne rien dire et lui sourit contrit. Elle fit un baisé rapide à Rose et retourna auprès de l’homme. Celui-ci entoura les épaules de Beth d’un geste possessif. Tom déglutit, la porte se referma.
Tout s’était passé en l’espace de cinq minutes pas plus, peut-être même moins, et pourtant ça lui avait parut une éternité. Il avait eu le temps de voir tout l’avenir qu’il s’était inventé s’effondrer pour laisser place à un néant. Son cœur lui faisait atrocement mal. Des larmes silencieuses vinrent tracer un sillon sur chacune de ses joues. Il posa le cosy qu’il avait toujours dans ses mains sur la table de salon et se pencha pour lui faire un gros bisou sur le front. Rose en profita pour attraper le nez de son papa avec ses deux petites mains redonnant le sourire à celui-ci.
« Ma chérie, je crois qu’il ne me reste plus que toi maintenant… Tu ne l’appelleras pas papa hein ? »
Elle lui répondit en bavant et faisant des bulles mais lui il le savait que c’était lui qu’elle aimait et pas l’autre.
« Je le savais que tu n’aimais que moi, ma belle. »
L’enfant poussa un « Aaaaah » joyeux en lui souriant. A huit mois elle comprenait déjà tout sa fille. Comme on dit, tel père tel fille. Elle avait hérité de la beauté et de l’intelligence de son père. Ses cheveux blonds formaient des bouclettes sur le dessus de sa tête défiant la loi de la gravité, de ce côté-là elle devait tenir de tonton Bill. Elle avait ses yeux chocolats et son petit nez en trompette. Oui elle lui ressemblait beaucoup et pas du tout à l’autre abruti de grand brun. Il la sortit de son siège auto, lui enleva son manteau et la positionna confortablement dans son transat en lui installant le portique avec ses jouets préférés au dessus d’elle. Il se dirigea vers la cuisine d’un pas trainant, prit le bouquet de fleur et sans un regard le jeta dans la poubelle. Il s’assit près de sa fille, essuya ses larmes rapidement et tourna son visage vers son ange et se mit à gazouiller. Il avait peut-être perdu sa femme mais jamais il ne perdrait sa fille, sa Rose, la chair de sa chair.
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~~~Note de l'auteur: voili voilou, c'est un peu court mais j'avais envie de l'écrire. J'ajoute qu'en écrivant je me suis mise à penser à de possibles suites... J'espère que ça vous a plu... (pardon pour les fautes, je pense bien qu'il y en ait mais j'en vois pas pour l'instant, n'hésitez pas à me corriger!)