Avant-propos : J'ai écrit cet OS il y a de ça environ 1 an quand les histoires de stalking prenait de plus en plus d'ampleur. Cependant, il a été écrit avant l'histoire des Afghanes. Il n'est pas très joyeux, je le conçois, mais à cet époque je ressentais les choses comme ça ^^'
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La chance a tourné
Il avait tout pour lui : le succès, l’argent et même les filles. La chance lui souriait, la chance leur souriait à tous. Même dans leurs rêves les plus fous, ils ne s’étaient jamais imaginés en arriver à un tel succès. Bien sûr, ils tentaient tous de rester humble, mais ils étaient jeunes et le succès leur montait parfois à la tête.
Aujourd’hui, il ne voulait plus rien de ça. Le succès lui avait enlevé ce qu’il avait de plus cher, l’argent ne l’aiderait pas à le faire revenir et les filles étaient la cause de son décès. Il ne mettait pas toutes les femmes dans le même bateau, mais les filles qu’il avait autrefois – celle qui allait avec le succès et l’argent – étaient celles qui les avaient menés là où ils étaient.
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Tom, ça fait trois jours que tu es enfermé dans ta chambre, vient passer un peu de temps avec nous s’il te plaît.Il ne répondit pas, il ne pouvait pas quitter cette chambre, il ne voulait pas quitter les souvenirs. Tom entendit un sanglot derrière la porte. Il était réellement désolé de ce qu’il faisait subir à sa mère en cet instant. Elle souffrait, peut-être pas autant que lui, mais il admettait qu’elle souffrait elle aussi. En entendant ses pleurs, un sentiment de culpabilité l’envahit. Il voulut lui dire qu’il était désolé, mais aucun son ne sortit de sa gorge. C’était peut-être mieux ainsi…
Simone partit au bout de quelques minutes. Murmurant un "je t’aime" à son fils à travers la porte. Une larme perla au coin de l’œil du dreadeux. Il n’avait pas su protéger son petit frère, il ne méritait pas les "je t’aime" de sa mère. Il ne méritait que la haine et le dégoût qu’il ressentait pour lui-même. Il aurait dû déjà dire "stop" quelques mois auparavant. Il aurait dû être encore plus méfiant qu’il ne l’était avant.
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Ils venaient de terminer le concert, tous fiers de la performance, ils l’appelaient déjà le meilleur concert de leur vie. Ce soir-là, ils dormiraient à l’hôtel. Le prochain concert n’avait lieu que la semaine suivante et ils rêvaient tous d’un bon lit et d’un bon bain.
Près d’une heure plus tard, leur van s’arrêta devant l’hôtel. Ils jubilaient tous. Luxe, calme et room-service… Ces mots sonnaient tels de doux poèmes à leurs oreilles. Ce soir-là, ils étaient d’excellente humeur et ils décidèrent donc de signer des autographes aux quelques fans qui les attendaient.
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Tom ! Tom ! Hurlait l’une d’entre elles plus fortement que les autres.
Il se retourna, un sourire aux lèvres. Celle-là semblait souhaiter son autographe plus que tout et son égo s’en retrouvait flatté. Son sourire disparut rapidement. Il n’eut pas le temps d’esquiver l’objet brillant qui s’abattait sur lui. Il ne se souvenait pas de grand-chose. Seule l’inquiétude qui émanait de son frère emplissait son esprit. Il se sentit porté, puis plus rien. Le trou noir le plus complet.
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Tom… Tom…Il se réveilla en sursaut.
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Qu’est-ce qui se passe ? Où suis-je ? Demanda le jeune guitariste, affolé.
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Tu es à l’hôpital, lui répondit doucement Gustav.
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J’ai eu la frayeur de ma vie, j’ai cru que tu n’allais jamais plus te réveiller.Bill se jeta à son cou après avoir prononcé ces paroles. Tom sentit une douleur lancinante dans son épaule. Il ne put s’empêcher de crier sa douleur.
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Pardon, je suis désolé, je suis tellement soulagé que tu ne sois pas mort, dit l’androgyne à toute vitesse.
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Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Réitéra Tom.
Bill se retourna vers Georg et Gustav. Tous deux comprirent qu’il voulait qu’il les laisse seuls. Ils adressèrent un signe de la main à Tom avant de sortir de la chambre.
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Tu ne t’en souviens pas ? Demanda le brun, doucement.
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Je me souviens juste d’un objet brillant, de ton inquiétude et de Tobi qui me porte dans le van.
Bill s’assit à côté de Tom dans le lit.
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Une folle t’a appelé. Tu t’es retourné, tu as sûrement cru que tu avais oublié de lui signer son autographe ou quelque chose du genre.-
Oui, je m’en souviens.-
Elle avait un couteau dans la main. Probablement un cran d’arrêt, car je ne me souviens pas d’avoir vu de lame lorsque je lui signais son autographe. Toujours est-il qu’elle…-
Qu’elle ?-
Qu’elle t’a porté un coup de couteau dans l’épaule gauche. Je ne sais pas si elle voulait viser ton cœur, mais à quelques centimètres près elle y arrivait.L’androgyne étouffa un sanglot.
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J’ai eu tellement peur ! J’ai cru que je t’avais perdu. Oh Tom ! Qu’est-ce que je ferai si tu mourrais ?-
Mais je suis là petit frère et je serai toujours là pour toi. Je ne te laisserai jamais. Je te le promets.*
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Mais je n’ai pas tenu ma promesse, pensa Tom.
Il les avait laissées le tuer. Il les avait laissées tuer son petit frère. Celui qu’il avait juré protéger, celui à qui il avait juré toujours être à ses côtés. Aujourd’hui, il le laissait voguer seul parmi les anges et il ne pouvait même pas le rejoindre, car la dernière promesse qu’il lui avait faite annulait toutes les autres. Il voulait tenir ce serment, il ne voulait pas que Bill lui en veuille le jour où il le rejoindrait.
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Leur tournée avait été écourtée. Le bras en écharpe, il était impossible pour Tom de jouer et un groupe sans guitariste ne pouvait aller bien loin. De plus, le jeune homme avait été traumatisé par cet incident et avait besoin du plus grand calme pour s’en remettre autant physiquement que psychologiquement.
Bill était aux petits soins pour Tom comme il l’avait été pour lui durant son fameux problème aux cordes vocales et tout ce qui en avait découlé. La seule chose qu’il trouvait injuste dans cette inversion des rôles était le fait que Tom pouvait continuer à parler et qu’il ne pouvait pas le charrier sur ce point comme lui ne s’était pas gêné de faire lorsque l’androgyne devait observer le silence le plus absolu.
Tom se rétablit relativement vite physiquement parlant, mais il était toujours aussi anxieux quant au fait de reprendre la scène et de se retrouver confronté aux fans. Au bout de quelques semaines, il fut décidé que les garçons ne reprendraient pas la tournée, mais iraient directement en studio pour enregistrer quelques chansons et les offrir en guise de "dédommagement" aux fans.
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C’est fini pour aujourd’hui les garçons, vous pouvez rentrer, leur annonça l’un des ingénieurs du son.
Bill et Tom saluèrent toutes les personnes présentent et sortirent du studio avec Georg et Gustav.
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Ça vous dit de venir chez nous pour une pizza ? Leur demanda Tom.
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Pourquoi pas, répondirent le bassiste et le batteur d’une même voix.
Georg et Gustav montèrent dans leurs voitures respectives tandis que les jumeaux montaient dans la même voiture. Bill n’avait pas voulu conduire ce matin-là et c’était donc Tom qui était chargé d’accomplir le rôle du chauffeur.
Ils étaient maintenant à mi-chemin et tout se passait bien. Il y avait peu de trafic sur l’autoroute et le temps était ensoleillé. La voiture de Tom ouvrait la marche, suivie de celle de Georg puis celle de Gustav. Une voiture arriva à leur hauteur sur la file de gauche. À l’intérieur se trouvaient quatre filles armées d’appareils photos et autres téléphones portables.
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À quoi bon tenter de nous prendre en photos ? Les vitres de la voiture sont teintées, dit Tom d’un ton désespéré.
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Elles n’ont pas dû être livrées avec le cerveau en série. Ce devait être une option payante et bien trop chère pour leurs parents.Le dreadeux sourit. Il appuya sur l’accélérateur. Sa voiture était plus puissante que celle de ces filles. Il les distança d’une bonne centaine de mètres avant de retrouver une vitesse plus raisonnable. Il pensait que de cette manière elles comprendraient qu’il ne valait mieux pas continuer leur poursuite, qu’elle serait perdante sur ce coup-là. Mais comme l’avait dit Bill un peu plus tôt, elles ne semblaient pas être dotées d’une intelligence assez grande pour comprendre ça et elles se retrouvèrent encore une fois à leur hauteur.
Tom commençait à être sérieusement agacé. Il prit de nouveau de la vitesse, mais cette fois elles s’y étaient préparées. Elles tentèrent donc de rester à leur hauteur. Continuant de les prendre en photos, jubilant sûrement en se disant qu’elles étaient en train de poursuivre la voiture où se trouvaient leurs idoles. Elles n’étaient pas conscientes du danger qu’elles leur faisaient courir à tous. Elles n’étaient pas conscientes que Bill et Tom étaient des êtres humains comme les autres avec leur droit à leur tranquillité.
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Ralentis Tom, ça ne vaut pas le coup d’avoir un accident, qu’elles continuent à nous prendre en photos, elles n’en tireront que la portière de ta voiture.Tom obtempéra. Il sentait l’inquiétude de son frère. La même que lorsqu’il s’était fait poignardé et il ne voulait pas la lui infliger de nouveau.
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Un jour il y en aura une qui finira par nous foutre dans le décor, maugréa le guitariste et il ne semblait pas si bien dire.
La voiture des soient-disant fans qui les poursuivaient fit une embardée sur la droite, rentrant dans la portière de leur voiture. Bien que Tom ait réduit sa vitesse, ils étaient sur l’autoroute et roulait tout de même assez vite. Il ne put maîtriser son véhicule qui heurta le terre-plein central. La voiture décolla dans les airs pour finalement atterrir sur le toit. Tom entendait son frère crier, voyait sa vie défiler devant ses yeux et se maudissait d’avoir prononcé ces dernières paroles.
Le trou noir. Encore une fois. Deux fois qu’il connaissait cette sensation, deux fois à cause de personnes qui se prétendaient être leurs fans. Il se réveilla dans la voiture, encore attaché à son siège par la ceinture de sécurité. Bill ne semblait pas avoir perdu conscience quant à lui.
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Bill, ça va ? Lui demanda Tom.
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Je… je ne sais pas et toi ?-
Ça semble aller. On n’a pas le grand Tom Kaulitz comme ça.Bill émit un rire douloureux. Ses côtes le faisaient atrocement souffrir. En l’espace d’un instant il commença à songer au pire et si l’un d’entre eux ne s’en sortait pas ? L’accident avait été violent et il était pratiquement certain qu’ils avaient tous deux des blessures internes.
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Tom, il faut que tu me promettes quelque chose.-
Quoi ?-
Il faut que tu me promettes que si je meurs, tu continueras à vivre. Vivre pour nous. Te marier, avoir des enfants, leur parler de leur oncle Bill.-
Arrête de raconter des conneries ! Tu ne vas pas mourir ! S’énerva le dreadeux.
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Promets-le moi, Tom.-
Je ne peux pas Bill.-
Tom, s’il te plaît.Ce n’était pas une simple demande, c’était une supplication de la part de l’androgyne.
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Je te le promets, finit par abdiquer Tom.
Il lui avait dit pour le rassurer. Il lui avait dit pour l’apaiser. Il ne voulait pas que Bill s’angoisse.
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Merci, murmura le brun.
L’androgyne savait. Il savait au fond de lui que cet accident allait lui être fatal. Il se pensait égoïste d’avoir fait jurer une telle chose à Tom. Il savait que si Tom était celui qui mourrait il ferait tout pour aller le rejoindre, mais ce n’était pas le cas. C’était lui qui se vidait de son sang intérieurement. Il voulait que Tom puisse continuer à vivre, car il savait combien il aimait la vie. Il voulait aussi continuer à vivre à travers le cœur et l’esprit de son jumeau.
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Bill était décédé quelques minutes plus tard, des suites d’une hémorragie interne comme le révéla l’autopsie, comme lui-même le savait déjà. Tom resta plusieurs semaines à l’hôpital. Il n’eût même pas l’autorisation de sortir pour l’enterrement de son frère. Cela faisait trois petits jours qu’il était sorti de l’hôpital. Trois jours qu’il se rendait sur la tombe de son frère en cachette, sortant de sa chambre par sa fenêtre, pour lui parler, tenter de lui faire pardonner son absence.
Le guitariste sortit de sa chambre. Il était l’heure pour lui d’aller rendre visite à son jumeau qui se trouvait maintenant dans son ultime demeure. Il s’assit en tailleur auprès de la tombe. Enleva les quelques fleurs fanées qui l’ornaient et commença à parler.
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Je n’ai même pas su voir que tu étais en train de mourir. Je pensais que tout irait bien, que tu irais bien. Je n’ai pas été un bon jumeau Bill, je n’ai pas été un bon grand frère et j’espère que tu me pardonneras mes erreurs de là où tu es. J’espère que lorsqu’on se retrouvera enfin, tu me serreras dans tes bras et qu’on se murmurera à l’oreille combien nous nous sommes manqués. Tu me manques Bill, tu me manques horriblement. Tous les jours je pense à te rejoindre, mais je ne trahirai jamais la promesse que je t’ai faite. Je vais trouver la femme de ma vie comme tu souhaitais tellement le faire, je lui parlerai de mon frère que j’aime tant. Nous nous marierons, nous ferons des enfants et je leur raconterai comme nous étions à leurs âges avec leur oncle. Je ferai tout pour que tu puisses continuer à vivre sur Terre à travers mon cœur et mon esprit comme tu le souhaitais tant. Je ferai de cette dernière pensée que j’ai entendue de toi mon leitmotiv pour avancer. Je serai toujours là pour toi. Je ne te laisserai jamais. Je t’aime petit frère, ne l’oublie jamais.