« Voilà déjà 4 mois que tu m'as quitté pour recommencer ta vie infernale.
Les deux premières semaines, l’euphorie n’était pas encore retombée, ça allait. Puis un matin boum. Mon cerveau a compris ce qu’il ne voulait pas s’avouer : je n’allai plus jamais te revoir. Ca m’a fait un choc. Petit à petit , je n’ai plus supporté ton regard alors j’ai pris une boîte et y ai bazardé tous les posters. Puis j’ai stocké dans un dossier toutes les photos du groupe , celles de cet été , enfin bref tout ce qui te concernait de loin ou de près. Et enfin , le son de ta voix me brûlait , mon iPod a rejoint la boîte au fond de mon armoire. Mon esprit refusait tout souvenir avec toi.
Et puis, le manque est arrivé, dans le moment où je m’y attendais le moins, il est arrivé alors que j’avais presque fini par croire à mon amnésie. C’est terrible, la morsure du manque. Ca frappe sans prévenir , l’attaque est sournoise tout d’abord, on ressent juste une vive douleur qui disparaît presque dans la foulée, c’est bref, fugace, ça nous plie en deux mais on se redresse aussitôt, on considère que l’attaque est passé. Et puis ça revient le jour d’après, l’attaque est plus longue ou plus violente. Et puis le mal devient lancinant, il s’installe comme un intrus qu’on n’est pas capable de chasser, on comprend qu’on ne s’en débarrassera pas. Une blessure s’est ouverte au fond de ma poitrine et dès que j’entendais les mots « Bill » ou « Tokio Hotel », elle s’ouvrait de plus en plus et il me fallait plusieurs minutes pour reprendre pied. Certains jours , tu me manques tellement que c’est à peine supportable. Je me réveille avec des crampes d’estomac, ça fait des brûlures, une envie de vomir. Je peux passer un quart d’heure la tête encadrée dans la lunette des toilettes, les yeux rivés sur les parois blanches et l’eau stagnante, attendant que ça sorte et ça ne sort jamais. Il n’y a que des larmes qui viennent s’écraser contre les parois et je ne fais rien pour les arrêter. Je n’ai plus aucune volonté ni envie. C’est comme si tu m’avais littéralement aspirée. Au lycée , les jours se suivaient et se ressemblaient. J’ai perdu un à un les peu d’amis que j’avais. Les profs ne me reconnaissaient plus et ont voulu savoir. Ils n’ont jamais su. Oh ne t’inquiètes pas pour ma scolarité , tout va bien , mes notes sont excellentes : le travail me fait oublier pendant quelques instants ton image. Oui tu m’obsèdes, tu me hantes. Il n’y a pas un seul moment où tes yeux brûlants lisent mon esprit. Il ne passe pas une semaine sans que je ne me réveille au moins une nuit en hurlant ton nom ou en te suppliant de me laisser tranquille. Et mes parents. Au début ils n’ont rien vu. Puis ils ont commencé à me poser des questions , auxquelles je ne répondais pas. Et ils ont compris. Bien sûr ils ont voulu me rassurer en disant qu’un chagrin d’amour ça arrive à tout le monde. Mais ce n’est pas passé. Ca a même empiré. J’ai commençé à ne presque plus manger et à ne parler que quand il le fallait vraiment. Je n’ai plus jamais retouché à mon ordinateur, à ma radio, à la télé ; de peur de tomber sur quelque chose qui me rappellerai toi. Je n’avais aucune idée de ce que toi et les autres devenaient, tu aurais tout aussi bien pu mourir que je ne serai même pas au courant. Qu’est ce que je faisais de mes journées ? Je travaillais jusqu’à épuisement et allai ensuite pleurer pendant des heures, roulée en boule sur mon lit. Mes parents m’ont emmenée de force chez un psy. Rien à faire , je n’ai pas décroché un mot. Et puis , j’ai tout le temps froid, tu m’as vidé de ma chaleur. J’ai beau passer des heures sous la douche brûlante, ça ne veut pas revenir.
Bien sûr, j’ai essayé de te joindre. Des milliers de fois. J’avais aussi ton adresse mais je n’espérais rien. Et une nuit, je me suis souvenu de ton adresse e-mail perso. Je l’avais vu quand tu m’avais prêté ton ordi et que j’étais sur ta session. Elle m’avait fait rire : macky-the-mickey. Il fallait que je te dise tout ça, que ça sorte. J’ai attendu trop longtemps pour me libérer.
Je t’aime. Pour l’éternité."